Un impact transgénérationnel des traumatismes de l’enfance
- Agnès Lara
- Résumé d’article
À retenir
Les sujets finnois ayant vécu un traumatisme durant leur enfance (évacuation vers la Suède et placement dans une famille d’accueil au cours de la seconde guerre mondiale alors qu’ils étaient enfants) présentent à l’âge adulte un risque d’hospitalisation psychiatrique plus élevé que ceux n’ayant pas subi ce traumatisme. Cette étude suédoise montre que ce surrisque perdure chez les enfants de la seconde génération, chez les femmes mais pas chez les hommes, indiquant un effet transgénérationnel sexe-dépendant des traumatismes de l’enfance. Ces résultats amènent les auteurs à s’interroger sur l’impact psychologique pour les enfants déplacés, chez les migrants fuyant les guerres à l’heure actuelle.
Pourquoi est-ce important ?
Le vécu d’expériences difficiles dans l’enfance est associé à une moins bonne santé mentale à l’âge adulte. Mais se pourrait-il que l’impact psychologique puisse concerner aussi la génération suivante ? Une étude antérieure avait montré que les filles évacuées de Finlande et placées dans des familles d’accueil suédoises durant au moins deux ans au cours de la seconde guerre mondiale alors qu’elles étaient enfants, avaient un risque plus élevé d’hospitalisation psychiatrique à l’âge adulte que leurs sœurs n’ayant pas été évacuées (hospitalisation pour troubles de l’humeur notamment). La même équipe a observé les hospitalisations psychiatriques chez les descendants de ces frères et sœurs, selon que leurs parents avaient ou non été évacués.
Principaux résultats
- 46.877 sujets finnois ayant vécu la guerre et 93.391 descendants, d’âge moyen 45,4 ans en 2012 (49,2% de femmes), ont été analysés. 2992 sujets de la première génération avaient été évacués vers la Suède durant leur enfance.
- Selon une analyse entre cousins, les filles dont les mères avaient été évacuées vers des familles d’accueil suédoises au cours de la guerre (alors qu’elles étaient enfants) présentaient un risque d’hospitalisation psychiatrique plus élevé à l’âge adulte par rapport à celles dont les mères n’avaient pas été évacuées. Le Hazard ratio d’hospitalisation psychiatrique était de 2,04 [IC95% : 1,04-4,01] pour tous les troubles confondus et de 4,68 [IC95% : 1,92-11 ,42] pour les troubles de l’humeur (45% des causes d’hospitalisation). Les résultats restaient inchangés lorsque l’analyse était ajustée sur l’existence d’une hospitalisation psychiatrique chez les parents.
- Il n’y avait pas d’excès de risque lorsque les pères des femmes de la seconde génération avaient été évacués, ni chez les hommes de la seconde génération, que leurs parents aient été évacués ou non.
Méthode
- Cette étude de population a analysé une cohorte multigénérationnelle de sujets finnois et de leurs frères et sœurs nés entre janvier 1933 et décembre 1944, ainsi que de leurs descendants nés entre janvier 1950 et décembre 2010.
- Le statut « évacué vers une famille d’accueil suédoise durant la guerre » ou « non évacué » de la première génération a été pris en compte, et le risque d’hospitalisation psychiatrique chez leurs enfants (analyse entre cousins pour s’abstraire d’éventuels biais familiaux) a été mesuré à partir du registre des sorties hospitalières finnois de janvier 1971 à décembre 2012.
Limitations
L’analyse entre cousins permettait de s’affranchir de certains facteurs confondants familiaux, mais pas de tous, car les différences de vécu entre cousins étaient probablement plus importantes qu’entre frères et sœurs.
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