Un anticorps monoclonal contre le paludisme

  • Kayentao K & al.
  • N Engl J Med

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Selon une étude de phase 2 conduite durant la période épidémique au Mali, un anticorps monoclonal ciblant un épitope conservé des sporozoïtes de P. falciparum permettrait de réduire significativement le risque d’infection au cours des 6 mois suivant une perfusion unique.
  • Dans cette étude, l’anticorps CIS43LS a permis d'obtenir 88,2% d'efficacité contre l'infection à P. falciparum chez des adultes à 24 semaines. Le traitement semble toutefois avoir une efficacité moindre après 90 à 120 jours (selon la posologie).
  • De nouveaux essais cliniques sont en cours pour confirmer ces résultats.

Pourquoi est-ce important ?

Deux cent à 400 millions de cas de paludisme et 500.000 décès liés sont dénombrés chaque année dans le monde malgré les traitements disponibles actuellement et, plus récemment, le vaccin antipaludique progressivement déployé dans certaines régions endémiques. De nouveaux traitements sont donc attendus : parmi eux, CIS43LS est un anticorps monoclonal qui cible un épitope présent sur la protéine PfCSP, l’une des principales protéines exprimées à la surface des sporozoïtes transmis à l'homme par les moustiques. Elle a l’avantage d’être globalement conservée malgré les résistances développées par le parasite.

Après des données de phase 1 encourageantes sur un suivi de 9 mois après perfusion intraveineuse, une étude de phase 2 a été menée au Mali pour évaluer la sécurité et l'efficacité du traitement.

Méthodologie

Cette étude a recruté 330 adultes de 18 à 55 ans en bonne santé. Après une administration d’artéméther-luméfantrine 7 à 21 jours avant, les patients ont été randomisés (1:1:1) entre une perfusion intraveineuse unique de CIS43LS selon deux posologies différentes ou une perfusion contrôle. Ils ont ensuite été suivis régulièrement au cours du premier mois, puis toutes les 2 semaines jusqu'à 24 semaines. L’administration a été réalisée afin que le suivi ait lieu au cours de la saison à risque de transmission (de juillet-août à décembre-janvier). Un frottis sanguin était réalisé à chaque visite pour rechercher une infection palustre.

Principaux résultats

Dans les trois groupes, les patients avaient 34-35 ans en moyenne et étaient des hommes pour 54 à 60 % d’entre eux. Parmi eux, P. falciparum a été détecté chez 12,7% d’entre eux à l’inclusion et avant l'administration de l'artéméther-luméfantrine. Tous ont eu un frottis sanguin négatif le jour de l'administration de l’anticorps ou du placebo.

Une infection à P. falciparum durant les 24 semaines a été identifiée chez 35,5% et 18,2% des sujets ayant reçu 10mg et 40mg/kg respectivement, contre 78,2% de ceux ayant reçu le placebo. Aussi, l'efficacité pour la posologie la plus élevée était de 88,2% [79,3-93,3,p<0,001]), et de 75,0% [61,0 -84,0], p<0,001) pour la seconde, versus placebo.

L’analyse en fonction du temps suggère une incidence de l'infection croissante à partir de J90 et de J120 après les doses faibles ou fortes de CIS43LS.

Aucun événement indésirable grave lié au traitement n’a été identifié au cours de l’essai clinique. Les risques de maux de tête modérés étaient toutefois 3,3 plus élevés dans le groupe 40 mg/kg de CIS43LS qu'avec le placebo.