Ulcère du pied diabétique : l'évolution est-elle associée au sexe ?

  • Miriam Tucker E.
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Les hommes présentaient des ulcères du pied diabétique plus sévères que les femmes, malgré l’absence de différences concernant le retard au diagnostic.
  • La cicatrisation des ulcères était plus fréquente chez les femmes que chez les hommes. 
  • Le moins bon état vasculaire associé à des taux de tabagisme plus élevés chez les hommes pourrait contribuer en partie à cette différence.

Pourquoi est-ce important ?

  • La prépondérance masculine dans l’apparition de l’ulcère du pied diabètique est connue, mais les différences de présentation clinique et de résultats entre les sexes ont été moins bien étudiées. 
  • Une meilleure compréhension contribuera à l’optimisation des soins des ulcères du pied diabétique en fonction du sexe.

Méthodologie

  • Une étude de cohorte multicentrique et prospective menée à l’échelle nationale en Belgique a porté sur 1.771 patients atteints d’un ulcère du pied diabétique modéré à sévère, parmi lesquels 72,0% d’hommes.
  • Le tabagisme était moins fréquent chez les femmes que chez les hommes, avec un taux de 90,0% contre 36,5% de non-fumeurs, respectivement, chez les personnes âgées de 75 ans ou plus et de 69,0% contre 33,8% pour les personnes âgées de 65 à 74 ans, mais des taux égaux chez les personnes plus jeunes.
  • Financement : Institut national d’assurance maladie-invalidité.

Principaux résultats

  • Le délai médian avant la présentation pour un traitement d’un ulcère de pied diabétique était de 3,0 semaines pour les deux sexes. 
  • Par rapport aux femmes, les hommes étaient plus susceptibles de présenter :
    • un ulcère plantaire de l’avant-pied (26,8% contre 18,0% ; p<0,0001) ;
    • un ulcère de pied diabétique répandu sur plusieurs sites (8,0% contre 4,3% ; p=0,0107) ; 
    • une ischémie critique (15,2% contre 11,7% ; p=0,0416) ;
    • un ulcère profond jusqu’à l’os (33,6% contre 26,5% ; p=0,0033) ;
    • une infection systémique (6,1% contre 2,9% ; p=0,0100) ; 
    • une perte de la sensation de protection (87,3% contre 82,5% ; p=0,0103). 
  • Par rapport aux hommes, les femmes étaient plus susceptibles de présenter :
    • un ulcère inférieur à 1cm2 (34,2% contre 24,7% ; p=0,0156) ;
    • un ulcère cicatrisé sans aucune amputation après un suivi médian de 154 jours (39,2% contre 34,6% ; p=0,05) ;
    • un ulcère cicatrisé sans amputation majeure comme premier événement (rapport de risque corrigé [RRc] : 1,258 ; intervalle de confiance [1,048–1,509]).
  • Aucune différence de sexe n’a été constatée concernant :
    • le fardeau lésionnel ;
    • la proportion d’ulcères sur le médio-pied plantaire, le talon, le dos du pied ou la malléole ;
    • la présentation d’une artériopathie périphérique (la moitié chez les deux sexes) ; 
    • la mortalité (hommes [6,5%] par rapport aux femmes [8,5%] ; p=0,10) ou le délai médian avant la guérison, l’amputation ou le décès ;
    • l’amputation majeure (RRc : 1,117 [0,472–2,640]) ou le décès (1,054 [0,537–2,069]) comme premier événement.

Limites

  • Seuls les cas d’ulcère du pied diabétique modéré à sévère ont été inclus.
  • Aucune donnée n’a été recueillie sur l’indice de masse corporelle (IMC), l’HbA1c, le statut lipidique, le statut socioéconomique, le profil concernant le mode de vie ou les mesures des expériences rapportées par les patients.