Tryptophane, sérotonine… éléments clés de la physiopathologie du cancer du côlon ?
- Nathalie Barrès
- Actualités Médicales
Si l’obésité, le diabète, la consommation d’alcool, de viande rouge, d’aliments transformés et le tabac ont été identifiés comme étant des facteurs de risque de cancer colorectal, il faut bien admettre que les mécanismes physiopathologiques sont en revanche encore mal identifiés.
Les preuves s’accumulent cependant autour du métabolisme du tryptophane qui pourrait jouer un rôle dans le développement de nombreuses pathologies chroniques dont le cancer colorectal. Une récente étude épidémiologique a recherché l’association entre les taux plasmatiques en tryptophane, sérotonine et kynurénine et le risque de cancer du côlon via 3 essais menés chez des patients atteints de cancer du côlon et des cas témoins.
Pourquoi s’intéresser au tryptophane, à la sérotonine et à la kynurénine ?
Le tryptophane est un acide aminé essentiel qui provient de notre alimentation et de la dégradation des protéines. Celui-ci est métabolisé selon 3 voies : un métabolisme direct en dérivés indoliques via le microbiote intestinal, une seconde voie passe qui conduit à la sérotonine et une troisième à la kynurénine. Cette troisième voie de métabolisation est quantitativement la plus importante. Elle aboutit également partiellement à l’activation de la croissance tumorale par suppression des réponses immunitaires anti-tumorales. Le rôle de la sérotonine dans la promotion de la carcinogenèse colorectale est ambiguë car elle agirait à la fois en faveur de la promotion de la carcinogenèse et aurait un effet protecteur intestinal.
Méthodologie
Les données sont issues de deux études portant sur des patients atteints de cancer du côlon et des sujets témoins et sur une étude prospective de cohorte : la ColoCare Study (110 patients et 153 témoins), la Colorectal Cancer Study of Austria (CORSA, 46 patients et 390 témoins) et l’European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition (EPIC, 456 paires de cas appariés à des témoins).
Principaux résultats
L’âge moyen des participants était de 60 ans (sauf pour les sujets contrôles de l’étude ColoCare dont l’âge moyen était de 51 ans). Environ 80% des cas témoins de l’étude ColoCare et CORSA étaient des fumeurs actifs ou d’anciens fumeurs.
Chaque augmentation d’une déviation standard du taux de tryptophane a été associée à une diminution du risque de cancer du côlon de 14% (étude EPIC) à 56% (étude ColoCare).
Les individus qui avaient des taux détectables en sérotonine avaient entre deux fois (étude EPIC) et six fois (étude CORSA) plus de risque de cancer du côlon que les autres.
Les résultats portant sur les taux de kynurénine et le risque de cancer du côlon étaient contradictoires : diminution du risque de cancer côlon de 26% pour chaque augmentation de la concentration d’une déviation standard du taux de kynurénine dans l’étude CORSA, augmentation de 79% du même critère dans l’étude ColoCare, et aucune association retrouvée dans l’étude EPIC.
Ces résultats suggèrent globalement que des taux plasmatiques élevés en tryptophane seraient associés à un moindre risque de cancer du côlon, alors qu’une augmentation des taux sériques de sérotonine serait au contraire associée à une augmentation de ce même risque.
La majorité de la sérotonine présente chez l’être humain est synthétisée à partir du tryptophane par les cellules entérochromaffines de l’intestin, en particulier au niveau du côlon. Par ailleurs, de récentes études ont mis en évidence un lien entre la sérotonine intestinale et la régulation du métabolisme lipidique, l’homéostasie glucidique, et les maladies associées au syndrome métabolique, notamment l’obésité et le diabète de type 2.
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