Troubles de l’humeur post-infection : découverte de chercheurs français
- Nathalie Barrès
- Résumé d’article
À retenir
- Des chercheurs de l’Institut Pasteur, du CNRS et des cliniciens du GHU Paris Psychiatrie & Neurosciences ont identifié un circuit neuronal dédié qui induit un comportement anxieux 15 jours après la guérison d’une infection.
- Ils ont également mis en évidence l’action préventive d’un agent pharmacologique, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives thérapeutiques.
Pourquoi est-ce intéressant ?
Deux voies de médiation permettant au cerveau de détecter et de réguler une inflammation locale ou généralisée avaient déjà été identifiées. L’une est humorale et informe le cerveau d’une inflammation via des médiateurs circulants, l’autre transmet au cerveau le signal d’une inflammation locale via la stimulation à distance d’afférences sensitives. Grâce à l’étude évoquée ici, des chercheurs ont mis en évidence l’existence d’un circuit neuronal dédié qui passe, lui, par le nerf vague et induit un comportement anxieux suite à une infection. L’inhibition spécifique de ces circuits cérébraux de l’anxiété pourrait constituer une approche préventive des conséquences psychiatriques après une infection sévère. Comme l’évoque l’article, « ce travail entre en écho avec le contexte de COVID-19 et de COVID long ».
Plus d’éléments de compréhension
Suite à un stress inflammatoire, des signaux humoraux et neuronaux sont transmis et analysés au niveau cérébral. Une réponse régulatrice de l’inflammation en découle, celle-ci est à la fois neuroendocrinienne, neurovégétative et comportementale.
La composante neuro-endocrinienne de la réponse à une inflammation induit la libération de cortisol (l’hormone du stress), la composante neurovégétative stimule de manière couplée les systèmes sympathique et vagal. Les modifications comportementales impactent l’humeur, l’attention, le sommeil et l’appétit. L’ensemble de ces composantes de la réponse à une inflammation vise à préserver l’intégrité de l’homéostasie. Dans certaines circonstances de réponse fortement dérégulée face à une infection sévère, comme on peut le retrouver dans le sepsis, cela peut en revanche conduire à des désordres immunologiques et/ou psychiques qui pourraient expliquer le syndrome post-traumatique post-sepsis, aux mécanismes neurobiologiques inconnus jusqu’à présent.
Un circuit neuronal dédié incluant le noyau central de l’amygdale et le noyau du lit de la strie terminale vient d’être découvert par une équipe française grâce à une étude sur modèle animal. Les chercheurs ont montré que l’activation de ce circuit dans les premières heures d’un sepsis induisait un comportement anxieux quinze jours après la guérison de l’infection. Le sepsis induit favorisait l’activation pathologique aiguë d’une population de neurones spécifiques du noyau central de l'amygdale qui se projetait ensuite vers le lit de la strie terminale. Ils ont également montré que l’administration d’un agent capable de prévenir l’hyperactivation de ce circuit – le levetiracetam, un antiépileptique et neuroprotecteur - réduisait le risque d’anxiété. Cette découverte ouvre donc la voie à une évaluation clinique prochaine de cet agent.
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