TROD grippe/Covid-19/VRS : faudra-t-il les utiliser l’hiver prochain ?

  • Fanny Le Brun
  • Actualités Médicales
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Après un hiver 2022-2023 marqué par une triple épidémie grippe/COVID-19/bronchiolite, la Haute autorité de santé (HAS) a évalué l’intérêt, pour l’hiver prochain, de la réalisation en consultation médicale de ville de tests rapides d’orientation diagnostique (TROD) "multiplex", capables de détecter simultanément les 3 virus responsables de ces infections.

L’évaluation a porté sur les TROD triplex grippe/COVID-19/VRS (virus respiratoire syncytial, responsable de plus de 70 % des cas de bronchiolite), mais également sur les TROD duplex COVID-19/grippe et sur les simplex grippe et VRS. L’objectif était d’estimer les performances diagnostiques ainsi que l’utilité clinique à l’échelon individuel et au niveau populationnel.

Pas d’intérêt à l’échelle individuelle

La HAS a estimé que les performances de ces tests ne répondent pas, à ce jour, aux exigences qu’elle a fixées, à savoir un taux minimal de sensibilité de 80%. En effet, d’après les données disponibles, il semblerait que l’utilisation des TROD multiplex pourrait générer environ 25% de faux-négatifs pour le VRS chez l’enfant et 45% pour les virus grippaux, quel que soit l’âge. Par ailleurs, il n’existe pas de données robustes pour permettre d’évaluer les performances diagnostiques des TROD les plus récents.

De plus, l’utilité clinique de ces TROD multiplex dans le cadre d’une consultation auprès du médecin généraliste ou pédiatre reste à démontrer. Concernant la grippe, la HAS estime que « ces TROD ne sont pas appropriés pour adapter les conseils à prodiguer aux patients en vue d’éviter la contamination des personnes à risque de forme sévère, compte tenu du risque potentiel important de résultats faussement négatifs ». Concernant le VRS, la réalisation d’un TROD ne semble utile ni au diagnostic, qui repose sur la clinique, ni à la prise en charge, qui est uniquement symptomatique. De plus, la recherche antigénique du VRS ne présente pas d’intérêt évident en l’absence de symptômes évocateurs de bronchiolite.

Un intérêt à l’échelle populationnelle à confirmer

Si la HAS estime que ces TROD ne présentent pas à ce jour d’intérêt médical en vue d’un diagnostic à l’échelle individuelle, elle considère cependant qu’ils pourraient avoir un intérêt à l’échelon populationnel, c’est-à-dire avoir un impact en matière de santé publique, notamment en limitant le recours inutile aux antibiotiques et en évitant des re-consultations ou des consultations aux urgences pour des infections virales saisonnières non graves.

La HAS conclut que la prise en charge de ces TROD multiplex par l’Assurance maladie pourrait se justifier, mais uniquement sous certaines conditions, notamment :

  • S’assurer que les TROD répondent aux exigences minimales requises en matière de sensibilité (≥ 80%) et de spécificité (≥ 99%) ;
  • Mettre en place un recueil prospectif de données d’utilité clinique en vie réelle pour permettre de :
    • Mesurer l’impact de l’utilisation de ces tests sur le taux de prescription d’antibiotiques et sur le taux de re-consultations en cabinet ou aux urgences ;
    • Définir les indications pour lesquelles ces TROD présenteraient un intérêt (âge, tableau clinique, temporalité…).

Cet avis de la HAS pourra être revu en fonction de l’arrivée de nouveaux traitements pour la grippe et la bronchiolite, et de l’émergence possible de nouveaux variants pour le SARS-CoV-2.