Traitement hormonal de la ménopause : nouvelles données françaises sur le risque de cancer ovarien

  • Nathalie BARRÈS
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Aucune association significative n’a été mise en évidence entre l’exposition à un traitement hormonal de la ménopause (THM) contenant un œstrogène seul et le risque de cancer de l’ovaire.
  • En revanche, un sur-risque de cancer de l’ovaire a été observé chez les femmes exposées ou ayant été exposées à une association d’œstrogène et de progestérone ou dydrogestérone (+28%) par rapport aux femmes qui n’ont jamais été exposées à ces traitements.
  • Les autres progestatifs pourraient apporter une certaine protection. Une confirmation est nécessaire via d’autres études épidémiologiques.

Pourquoi est-ce important ?

L’association entre le traitement hormonal de la ménopause et le risque de cancer du sein ou de l’endomètre est bien établie, en revanche le risque vis-à-vis du cancer des ovaires est moins clair. La force de cette étude tient au fait qu’elle soit prospective, menée sur une large cohorte, avec un suivi long et des données croisant les auto-déclarations et les délivrances de médicaments.

Méthodologie

Cette étude a inclus une population de femmes ménopausées issues de l’étude E3N. L’exposition à un THM était identifiée par l’intermédiaire d’auto-questionnaires réalisés entre 1992 et 2004 et à partir de données de demandes de remboursement de médicaments appariées à la cohorte entre 2004 et 2014.

Principaux résultats

Au total 75.606 femmes ont été incluses. Parmi elles, 31% n’avaient jamais utilisé de THM, 67% en avaient déjà pris et 2% ne savaient pas si elles en avaient pris ou non. Parmi les femmes qui avaient déjà été exposées à un THM, 25% avaient pris uniquement des œstrogènes, 61% des œstrogènes et de la progestérone ou de la dydrogestérone et 61% des œstrogènes et un autre progestatif.

Au cours du suivi moyen de 15,3 ans, 416 cancers primaires de l’ovaire ont été diagnostiqués. 

En analyses multivariées, par rapport aux femmes qui n’avaient jamais pris de THM, le risque de cancer de l’ovaire n’était pas significatif pour celles ayant été exposées aux œstrogènes seuls (Hazard ratio ajusté sur l’âge ou HRa 1,09 [0,82-1,46]) par rapport à celles qui n’avaient jamais été exposées. En revanche il était augmenté chez les femmes exposées à un œstrogène combiné à la progestérone ou à la dydrogestérone (HRa 1,28 [1,04-1,57]) et diminué de 19% (HRa 0,81 [0,65-1,00], p=0,053 ; à la limite de la significativité) chez les femmes exposées à un œstrogène et à un autre type de progestatif.

Le risque associé de cancer des ovaires diminuait significativement avec le temps écoulé depuis la dernière utilisation seulement pour l’association œstrogène + progestérone ou dydrogestérone. Aucune variation significative n’a été observée en fonction de la durée d’utilisation, la pratique d’une hystérectomie, l’utilisation antérieure de contraceptifs oraux ou l’IMC, et ce quel que soit le traitement THM considéré.