Traitement antirétroviral intermittent : de surprenants résultats pharmacocinétiques

  • Caroline Guignot
  • Actualités Médicales
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Messages principaux

  • Le traitement antiviral (TARV) intermittent programmé a été décrit comme efficace par certaines études, mais mais aucun travail spécifique ne s’est penché sur les concentrations plasmatiques des différentes molécules utilisées.

  • Selon l’étude de preuve de concept ANRS-162-4D, qui a décrit l'efficacité et la tolérance d’un traitement antiviral intermittent, les concentrations plasmatiques de la plupart des antirétroviraux mis en oeuvre sont faibles ou indétectables après trois jours d’arrêt du traitement alors que la charge virale reste indétectable au long cours. Des études complémentaires sont nécessaires pour comprendre ces observations.

 

ANRS-162-4D était une étude multicentrique pilote conduite à partir de 2015 chez 100 patients VIH adultes traités et contrôlés depuis plus de 18 mois par un TARV associant 2 analogues nucléosidiques (ténofovir disoproxil-TDF/abacavir-ABC), lamivudine-3TC, emtricitabine-FTC) à un inhibiteur de protéase (Darunavir-DRV, atazanavir-ATV, lopinavir-LPV) ou à un INNTI (efavirenz-EFV, etravirine-ETV ou rilpivirine-RPV). Les patients devaient aussi avoir un taux de cellules CD4 >250 cellules/µL. Les patients avaient été placés sous un schéma intermittent, avec 4 jours consécutifs On puis 3 jours Off. Tout au long du suivi, les dosages des concentrations plasmatiques ont été réalisés après le 3e ou 4e jour des périodes On, ainsi que le 3e jour de la période Off. Elles ont été comparées à celles qui étaient initialement atteintes lorsque le TARV était pris de façon continue.

A l’inclusion, les 100 patients inclus étaient traités depuis cinq ans en moyenne et ils avaient une charge virale indétectable depuis 4 ans. Les premières données de l’étude, publiées par ailleurs, avaient montré que 96% avaient été observants au schéma de prise du traitement intermittent durant les 48 semaines de suivi. Les analyses publiées ici montrent que 87,1% des concentrations en période On étaient supérieures au seuil d'efficacité clinique de la molécule (entre 51,1% et 100 % selon la molécule) et que 78,2% des concentrations mesurées en fin de période Off étaient inférieures à ce seuil (entre 7,4% et 100% selon les molécules, sachant que seul l’ETR présentaient des différences de concentration négligeables entre les périodes On et Off).

Phénomène de latence?

Si les concentrations médianes étaient plus faibles pendant l’arrêt du traitement pour l'EFV, l'ETR, l'ATV ou le DRV, les taux atteints au 4e jour de reprise du traitement apparaissaient suffisants pour compenser l'élimination du médicament durant les 3 jours d'arrêt, et permettaient d’atteindre un seuil comparable à celui sous traitement continu. Par ailleurs, seules les concentrations médianes de RPV étaient en moyenne plus faibles au 4e jour On que celles obtenues en phase TARV continu.

A l’issue des 48 semaines, 96% des patients avaient toujours une charge virale indétectable. Trois échecs ont cependant été observés chez ceux dont l’observance au traitement intermittent n’était pas suffisante. Aussi, le maintien du contrôle virologique observé dans cette étude suggère l’implication possible d’un mécanisme de latence du virus. Des études dédiées seront nécessaires pour en comprendre les ressorts...