Toxicité aiguë de la tomothérapie adjuvante du cancer du sein localement avancé

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Médicales
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À retenir

La tomothérapie est une technique récente de radiothérapie avec modulation d’intensité. Elle présente l’intérêt de réduire les hautes doses qui peuvent être délétères pour certains organes. Une étude prospective française vient de confirmer que cette technique utilisée chez les femmes ayant un cancer du sein localement avancé présente une toxicité à court et moyen termes acceptable. Il s’agit de données préliminaires, des données à plus long terme sont attendues.

Pourquoi ces résultats sont importants ?

La radiothérapie est souvent pratiquée après mastectomie en cas notamment d’atteinte ganglionnaire, de tumeur volumineuse, de facteurs pronostiques défavorables ou de jeune âge. La radiothérapie conformationnelle tridimentionnelle est la plus utilisée en radiothérapie adjuvante dans le cadre du cancer du sein. Des données suggèrent que la radiothérapie à modulation d’intensité qui permettrait de réduire les doses délivrées à des organes annexes (poumons, cœur) pourrait être plus souvent envisagée qu’elle ne l’est aujourd’hui. Quelques études randomisées ont été menées sur le sujet, mais présentent certaines limites notamment l’absence d’atteintes nodulaires, qui apparaît comme une situation pour laquelle la radiothérapie avec modulation d’intensité semble avoir un bénéfice plus important.

Méthodologie

Cette étude prospective a été menée dans deux centres français. Elle a évalué les toxicités à court et moyen terme, ainsi que la qualité de vie et les aspects esthétiques selon l’avis des patients et des cliniciens de la tomothérapie utilisée chez des femmes atteintes d’un cancer du sein et ayant subi un premier traitement chirurgical. La dose administrée était de 50 Gy en 25 fractions dans le sein ou la paroi thoracique et les ganglions lymphatiques, avec un boost de 60 Gy au lit tumoral si une chirurgie conservatrice avait été réalisée. Le critère principal d’évaluation était la survenue d’évènements indésirables aigus dans les 90 jours après la fin de la radiothérapie. L’évaluation de la toxicité à long terme constitue un objectif secondaire de cette étude et viendra compléter ultérieurement ces résultats.

Principaux résultats

Au total, 288 patientes ont été incluses : 168 traitées par chirurgie mammaire conservatrice et 120 par  mastectomie (âge médian 55 ans, IMC médian 26,5 kg/m2). Le suivi médian était de 25 mois. Sur l’ensemble de la cohorte, 72% ont reçu une chimiothérapie (17% avant la chirurgie, 51% en traitement adjuvant, 3,8% dans les deux cadres). Neuf patientes sur 10 ont eu une irradiation nodulaire (durée médiane du traitement 36 jours). 

Les évènements indésirables précoces ont été : une toxicité cutanée aiguë pour 96,5% des patientes avec dermatite de grade 1 (59,7%), grade 2 (35,4%), grade 3-4 (1,4%), une œsophagite (47,9%), une asthénie (44,1%), un œdème (19,8%).

Les principaux évènements indésirables à moyen terme comprenaient des toxicités cutanées de grade 1 (53,1%) et œdèmes (41,1%).

Une fibrose mammaire a été observée chez 40,5% des patientes traitées par mastectomie.

L’aspect esthétique n’a été évalué qu’après chirurgie conservatrice. Les déclarations des patientes et des praticiens étaient cohérentes. À un an, les patientes étaient presque 85% à décrire l’aspect esthétique du sein comme « bon » ou « excellent ».

La qualité de vie des femmes de l’étude s’est significativement améliorée pour celles qui avaient été traitées par chimiothérapie, mais pas pour celles qui ne l’avaient pas été.

La survie globale à 2 ans était de 97,8% [94,1-99,2], et la survie sans maladie de 93,4% [89,2-96,0].

Limitations

La majorité des patientes incluses avaient un cancer localement avancé ce qui a pu favoriser le taux de complications locales à court ou moyen terme du fait des volumes à traiter.