Tous les généralistes sont-ils favorables à la coopération interprofessionnelle ?
- Carrier H & al.
- Eur J Gen Pract
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
Une enquête française décrit les disparités d'opinion des généralistes sur le rôle des infirmières, pharmaciens et spécialistes dans la prise en charge des multimorbidités.
À retenir
Selon une enquête menée auprès de plus d’un millier de médecins généralistes, la coopération interprofessionnelle autour des patients atteints de multimorbidités et polymédiqués est appréciée de façon disparate par ces praticiens. Si la plupart se disent prêts à coopérer avec d'autres professionnels des soins primaires et des spécialistes, seule une minorité affirme être favorable à une gestion du traitement avec des infirmières ou des pharmaciens.
Aucun profil type ne semble émerger de cette enquête hormis le fait que les plus favorables à la gestion interprofessionnelle sont les médecins généralistes les plus jeunes.
Pourquoi est-ce important ?
La littérature décrit le bénéfice d’une coopération interprofessionnelle dans la prise en charge des patients les plus complexes, mais la façon dont les généralistes coopèrent avec d’autres professionnels de santé, et leur opinion à ce sujet est peu étudiée en France, d’où l’intérêt de cette étude.
Méthodologie
L’enquête a été conduite en 2016 auprès de 1.183 généralistes ayant une activité libérale et issus du Répertoire Partagé des professionnels de santé. Quatre groupes de généralistes ont été hiérarchisés via une analyse par grappes à partir des différentes questions de l’enquête portant sur leur opinion sur les coopérations interprofessionnelles et le rôle des autres professionnels de santé auprès des patients polymédiqués et ceux présentant une multimorbidité.
Principaux résultats
Le groupe majoritaire était celui des généralistes modérément favorables à la coopération (47%) : ils avaient plus souvent une opinion positive sur les connaissances et le rôle des pharmaciens dans la gestion des polymédications mais étaient majoritairement opposés à ce que les pharmaciens modifient les prescriptions. Parallèlement, ils étaient plus favorables que la moyenne à la coopération entre professionnels de santé dans la gestion de ces situations, et notamment favorables à la délégation des consultations aux infirmières. Ils étaient par ailleurs plus négatifs que la moyenne sur le rôle des spécialistes.
Venait ensuite le groupe des généralistes « sélectivement » favorable à la coopération (27%) : ils étaient susceptibles de coopérer avec d'autres médecins et avaient des opinions plus positives que la moyenne sur le rôle des spécialistes dans la gestion des médicaments. Ils avaient tendance à s'opposer à la délégation des prescriptions aux infirmières ou aux pharmaciens, et ils avaient une moins bonne opinion sur le rôle et la coopération avec les pharmaciens.
Le groupe des généralistes très favorables à la coopération (14%) ou défavorables à la coopération (12%) rassemblait une minorité de la cohorte de répondants : les premiers avaient une opinion favorable sur le rôle et la coopération avec les différents autres professionnels de santé dans la prise en charge de ces patients. Ils étaient les seuls à être majoritairement d'accord (71%) avec la délégation de la gestion (analyse et modification) des médicaments aux pharmaciens. Les derniers étaient globalement défavorables à la coopération et à la délégation de tâches, et avaient une opinion défavorable sur les autres professionnels dans cette gestion.
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