Tirzépatide : au moins 10% de perte de poids chez 3 diabétiques en surpoids sur 5

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

  • L’étude SURMOUNT-2 montre que chez les adultes ayant un diabète de type 2 et un IMC minimal de 27~kg/m², le tirzépatide sous-cutané hebdomadaire 10 et 15 mg offre une réduction du poids significative et supérieure à celle apportée par le placebo, en association au traitement antidiabétique conventionnel : une réduction d’au moins 10% a été observée après 72 semaines chez 61 à 65 % des patients, et une réduction d’au moins 20% a été rapportée pour 22 à 31 % d’entre eux. Parallèlement, le contrôle de la glycémie était supérieur à celui des patients du groupe placebo.
  • La molécule a été enregistrée par l’Agence européenne du médicament en septembre 2022 dans le traitement du diabète de type 2 chez les adultes insuffisamment contrôlés après adaptation du régime alimentaire et de l’activité physique, en monothérapie lorsque la metformine est inappropriée en raison d'une intolérance ou de contre-indications ou en association au traitement antidiabétique.

Pourquoi est-ce important ?

Chez les sujets souffrant d'obésité et de diabète de type 2, la réduction du poids même modérée est recommandée car elle peut améliorer le contrôle de la glycémie et les facteurs de risque cardiométaboliques. Plus importante (≥10%), elle peut même favoriser la rémission du diabète. Le tirzépatide est un agoniste double des récepteurs GIP (polypeptide insulinotrope dépendant du glucose) et GLP-1 (Glucagon-Like Peptide-1). Parallèlement à son développement comme antidiabétique, il fait l’objet d’un développement dans la prise en charge du surpoids. En effet, GIP et GLP-1 influencent l'homéostasie du glucose et des lipides, ainsi que l'appétit et la prise alimentaire. Dans l'étude SURMOUNT-1, le tirzépatide a permis de réduire le poids corporel de 20,9% après 72 semaines de traitement chez des sujets souffrant d'obésité mais sans diabète de type 2. Cette étude, SURMOUNT-2, évalue les mêmes critères chez les personnes atteintes de diabète de type 2 et ayant un surpoids ou une obésité.

Méthodologie

L’étude internationale multicentrique randomisée en double aveugle a recruté des participants de 18 ans ou plus avec un IMC de 27 kg/m² ou plus et qui avaient un diabète de type 2 et une HbA1c comprise entre 7 et 10% sous traitement stable (règles hygiénodiététiques seules ou associées à un antihyperglycémiant oral depuis 3 mois au moins). Ils ont été randomisés (1:1:1) entre tirzépatide 10 mg, 15 mg, ou un placebo. Les injections sous-cutanées hebdomadaires étaient effectuées pendant 72 semaines, suivies d'un suivi supplémentaire de 4 semaines. La posologie initiale était de 2,5 mg, puis augmentée toutes les 4 semaines jusqu'à la dose cible. Le traitement antihyperglycémiant devait rester stable à moins que les participants ne nécessitent un traitement de recours antihyperglycémiant ou ne développent une hypoglycémie récurrente.

Les cocritères principaux d’évaluation étaient le pourcentage de variation du poids corporel et l’atteinte d’une baisse d'au moins 5% du poids à la 72e semaine par rapport à l’inclusion.

Principaux résultats

Au total, 938 participants ont été recrutés (âge moyen 54,2 ans, 51% de femmes, 76% de sujets blancs) : ils avaient un poids à l’inclusion de 100,7 kg en moyenne, un IMC de 36,1 kg/m² et une HbA1c moyenne de 8,02%.

À 72 semaines, la variation moyenne du poids corporel par rapport à l’inclusion était de -12,8% et -14,7% dans les groupes tirzépatide 10 et 15 mg contre -3,2% sous placebo, soit une différence estimée de 9,6 points ([-11,1 à ,8,1], p<0,0001) et -11,6 points ([-13,0 à -10,1], p<0,0001) pour les doses 10 et 15 mg. Ils étaient aussi 79 et 83% sous tirzépatide 10 mg et 15 mg à avoir eu une baisse du poids corporel de 5% ou plus après 72 semaines, contre 32% de ceux sous placebo (p<0,0001). Ils étaient aussi plus nombreux dans les deux groupes expérimentaux à atteindre au moins 10%, 15%, 20% ou 25% de baisse de poids par rapport à l’inclusion, versus placebo.

L’HbA1c s'est améliorée de -2,1% et de -2,1% sous tirzépatide 10 et 15 mg contre -0,5% sous placebo (p<0,0001 pour les deux). La proportion de patients atteignant une HbA1c inférieure à 7,0% ou 6,5% était également plus élevée dans les deux premiers groupes.

Une amélioration supérieure du tour de taille et de la fonction physique était observée sous tirzépatide.

Il n'y a pas eu de différence significative entre les groupes en termes d'incidence des effets indésirables totaux ou des évènements graves uniquement. Le profil de sécurité était comparable à celui déjà décrit.

Financement

L’étude a été sponsorisée par Eli Lilly and Company.