Thromboprophylaxie : une étude française conforte l’efficacité des stratégies mises en œuvre en vie réelle
- Bouget J & al.
- Eur J Clin Pharmacol
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
À retenir
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Selon une étude prospective conduite à partir de données de l’Assurance Maladie (SNIIRAM), la prophylaxie des évènements thromboemboliques (toutes indications confondues) par anticoagulant à faible dose repose principalement sur l'énoxaparine, l’héparine non fractionnée étant réservée à une petite partie de patients, principalement des sujets âgés ayant de nombreuses comorbidités.
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L’indication la plus fréquente est la prophylaxie chirurgicale. Les complications hémorragiques majeures restent rares et moins fréquentes que dans les études cliniques randomisées. De même, la fréquence des décès liés à ces évènements est très faible.
Pourquoi est-ce important ?
La thromboprophylaxie faible dose par héparine non fractionnée (HNF), héparine de bas poids moléculaire ou fondaparinux, est recommandée dans de multiples indications (post-chirurgicale, patients atteints de cancer, femmes enceintes…). Les études cliniques permettant de comparer directement la sécurité liée à ces molécules sont peu nombreuses et les données en vie réelle rarement explorées. Cette étude propose d’apporter des enseignements en ce sens.
Méthodologie
Cette étude a été menée à partir des données de l’étude SACHA qui visait à recenser tous les événements hémorragiques majeurs chez les patients traités par antithrombotiques toutes indications confondues, et orientés vers le service des urgences sur la période 2013-2015 au niveau des territoires englobant 5 villes françaises (Angers, Brest, Grenoble, Nantes et Rennes). Parallèlement, les remboursements d'anticoagulant parentéral à faible dose ont été analysés à partir des données du SNIIRAM.
Principaux résultats
Au total, 142.815 patients traités par anticoagulant faible dose ont été identifiés, pour un total de 150 389 traitements. L'énoxaparine était la molécule la plus fréquemment prescrite (58,9%, dosée à 40mg pour 96% des cas), suivie par la tinzaparine (27,3 %) et le fondaparinux (10,9%). Ceux traités par HNF étaient peu nombreux (0,53%) et étaient globalement plus âgés (84 ans vs. 49 à 55 pour les autres traitements). Ils avaient à la fois plus de comorbidités et des scores de risque hémorragique (HAS-B(L)ED) globalement plus élevés (≥3 dans 61,6% des cas contre 5,6-17,7 % chez les autres patients).
Seuls 43 (0,028%) événements hémorragiques majeurs ont été observés sur la période de 3 ans, pour moitié au niveau gastro-intestinal. Les taux d'incidence variaient de 0,51 événement/100.000 jours-personnes en chirurgie orthopédique à 13,8/100.000 en oncologie médicale (avec l’énoxaparine). Par rapport à cette dernière, les évènements sous daltéparine/nadroparine, tinzaparine ou fondaparinux n’avaient pas une incidence différente. Enfin, pour les patients traités par HNF, 3 événements hémorragiques majeurs ont été recensés.
Le nombre de décès a été de 478 (0,32%) sur cette même période. Les rapports de taux d'incidence des décès étaient comparables entre l’enoxaparine, les HBPM ou le fondaparinux. Parmi eux, les 5 décès recensés sous HNF concernaient des contextes de chirurgie et d'oncologie.
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