Testostérone : des bénéfices qui dépassent les symptômes sexuels !

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

Des recommandations de bonne pratique ont été élaborées par la Société Francophone de Médecine Sexuelle (SFMS) et le Comité d’Andrologie et de Médecine Sexuelle de l’Association Française d’Urologie (AFU). Les bénéfices des androgènes chez l’homme sont attendus à la fois sur les symptômes sexuels et non sexuels (déminéralisation osseuse, érythropoïèse, métabolisme, fonction cognitive, humeur…) et plus largement sur la qualité de vie. Un article paru dans la revue Sexologies rappelle les bénéfices d’un traitement par testostérone en cas de déficit de cette hormone et vise à accompagner les praticiens sur le diagnostic, le traitement et le suivi des patients.

Bénéfices sexuels 

Les avantages sur la fonction sexuelle d’un traitement par testostérone chez les hommes en déficit de cette hormone sont documentés par de nombreux essais cliniques et méta-analyses. Désir sexuel, fonction érectile et activité sexuelle sont nettement améliorés sous traitement versus placebo. Si l’amélioration du désir sexuel est rapide (dès 6 semaines de traitement), en revanche, l’amélioration de la fonction érectile peut nécessiter jusqu’à 6 mois. Pour les dysfonctions érectiles sévères, un traitement complémentaire par inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5 (IPDE5) peut être nécessaire. Les études de registres indiquent que la fonction érectile peut continuer à s’améliorer durant plusieurs années sous l’effet d’un traitement par testostérone. Et le bénéfice de ce dernier sur la fonction érectile a été constaté même après échec des IPDE5.

Bénéfices sur l’érythropoïèse

Si le déficit en testostérone peut être associé à une anémie normochrome, normocytaire, le traitement par testostérone augmente l’hématocrite et l’hémoglobine. Ainsi, les taux de testostérone doivent être mesurés chez les hommes en cas d’anémie inexpliquée, et le traitement par testostérone peut être envisagé si besoin dans ce contexte. 

Bénéfices sur la santé osseuse

La littérature scientifique permet de soutenir l’existence d’une association entre faible taux de testostérone et faible densité minérale osseuse (DMO), ainsi que l’existence d’un bénéfice sur la DMO d’un traitement par testostérone chez les hommes en déficit. Ainsi, le groupe d’experts recommande une absorptiométrie biphotonique chez les hommes de plus de 50 ans ayant un déficit en testostérone et présentant des facteurs de risque d’ostéoporose. Le taux de testostérone devrait par ailleurs être mesuré en cas de fracture liée à un choc de faible intensité. 

Bénéfice sur le métabolisme

Le groupe d’experts a retenu les recommandations internationales (Morgentaler 2019) :

qui indiquent que le traitement par testostérone entraîne une réduction de la masse grasse, une augmentation de la masse maigre, et peut de fait avoir un intérêt dans la prise en charge des troubles métaboliques et de l’obésité. De nombreuses données ont montré que le déficit en testostérone est un facteur de risque indépendant de syndrome métabolique. La relation entre déficit en testostérone et obésité pourrait être bidirectionnelle, suggérant un rôle positif d’un traitement par testostérone chez les hommes souffrant d’obésité. De nombreuses données suggèrent aussi un rôle favorable du traitement par testostérone sur les composantes du syndrome métabolique, le profil lipidique, la réduction de la glycémie, de l’HbA1c, la sensibilité à l’insuline,  la tension artérielle (systolique et diastolique), l’inflammation et les fonctions cardiométaboliques.

Bénéfice sur l’activité cérébrale et la cognition

Un traitement par testostérone pourrait commencer à améliorer les symptômes dépressifs 3 à 6 semaines après l’initiation du traitement avec une perception significative par le patient un peu plus tardive, plutôt entre 18 et 30 semaines.

Des données montrent que la réduction du taux de testostérone chez l’homme est associée à un déclin cognitif et à un risque de démence. De premiers essais – avec de faibles effectifs – suggèrent une amélioration modeste de la cognition globale. D’autres études de plus large envergure et avec un suivi plus important sont nécessaires pour statuer sur ce sujet.

Des effets indésirables ?

Les effets indésirables graves liés au traitement par testostérone sont rares. Certains peuvent diminuer en changeant de mode d’administration (par exemple douleurs au site d’injection, irritation de la peau) ou par un ajustement posologique. Les injections intramusculaires sont plus souvent associées à des changements d’humeur, d’énergie et de désir sexuel, ainsi qu’à une toux juste après l’injection. Les gels transdermiques sont associés à un risque de transfert interpersonnel et à une fluctuation de l’absorption. Les deux formulations peuvent conduire à une augmentation de l’hématocrite, de l’hémoglobine, à une gynécomastie, à un œdème et à de l’acné.