De la testostérone pour mieux vivre son genre ?

  • Nathalie BARRÈS
  • Actualités Médicales
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À retenir 

  • Un premier essai randomisé vient de montrer le bénéfice immédiat d’un traitement par testostérone chez les sujets transgenres ou de genre divers en recherche de masculinisation.
  • Après 3 mois de traitement par testostérone, la dysphorie de genre, la dépression et les tendances suicidaires sont significativement diminuées chez ces sujets.

Méthodologie

Dans une récente enquête Australienne, 73% et 67% de personnes souffrant de dysphorie de genre ont rapporté avoir respectivement des antécédents de dépression et d’anxiété et 43% avoir déjà fait des tentatives de suicide. Un essai randomisé vient d’explorer l’efficacité de la testostérone sur la dysphorie de genre, la dépression et les tendances suicidaires chez des adultes transgenres et de genres divers (binaires et/ou non binaires) recherchant une masculinisation. Plusieurs études observationnelles avaient déjà souligné l’intérêt d’un traitement hormonal d’affirmation de genre dans un contexte de dysphorie de genre et de dépression associée. En revanche, c’est la première fois qu’un essai randomisé est mené. Celui-ci a été réalisé dans des cliniques australiennes de soins primaires spécialisés dans l’accompagnement de personnes en transition de genre. L’étude a comparé la prise en charge par soins standards (n=31) et par un traitement à base de testostérone (n=31, 1.000 mg en intrasmusculaire à la semaine 0 et 6 ou par voir intradermique à raison de 1%, 12,5 mg/jour ou 4 pompes/jour). Les sujets (âge médian des participants 22,5 ans) étaient issus d’une liste d’attente pour soins pour dysphorie de genre.

Principaux résultats

Le traitement par testostérone a apporté :

  • Une diminution de la dysphorie de genre (-7,2 points, p<0,001, mesurée par le questionnaire des préoccupations et de la stabilité liées au genre ou Gender Preoccupation and Stability Questionnaire-GPSQ) ;
  • Une diminution cliniquement significative de la dépression (-5,6 points, p<0,001 sur le questionnaire sur la santé Patient Health Questionnaire, PHQ-9) ;
  • Et une diminution significative des tendances suicidaires (différence moyenne sur l’échelle Suicidal Ideation Attributes Scale-SIDAS, -6,5 points, p<0,001). D’ailleurs, 52% des sujets sous testostérone ont eu une résolution de leurs tendances suicidaires dès le début du traitement par testostérone.

Aucun des patients recevant de la testostérone n’a développé de polyglobulie, sept ont signalé une douleur/inconfort au site d’injection et un sujet des maux de tête passagers. 

La courte durée de l’étude – en partie liée à des questions d’éthique – a été relevée par les auteurs comme étant une limite de l’étude, car elle ne permet pas de mesurer l’impact à long terme d’un traitement par testostérone sur la dysphorie de genre, la dépression et les idées suicidaires des adultes transgenres et de genres divers en recherche de masculinisation. D’autres facteurs en lien avec la santé mentale (soutien social, discrimination…), auraient par ailleurs mérités d’être mesurés.