Tester ou ne pas tester ? Prise de position sur le diagnostic de la maladie de Lyme

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

Selon le groupe de travail de l’ESCMID (European Society of Clinical Microbiology and Infectious Diseases), la présence d’un érythème migrant typique de la maladie de Lyme ne nécessite pas de diagnostic biologique et doit faire l’objet d’un traitement antibiotique sans délai. La recherche d’anticorps est envisagée dans le cas des autres manifestations cliniques faisant suspecter la borréliose. L’analyse du liquide cérébrospinal (LCS), elle, est réservée aux cas de suspicion de neuroborréliose.

Pourquoi est-ce important ?

En pratique, la recherche d’anticorps spécifiques des espèces de Borrelia est prescrite dans de nombreuses situations cliniques où elle n’est pas recommandée. En résulte des retards de prise en charge et un surcoût pour la collectivité. Dans cet article, le groupe de travail de l’ESCMID résume les éléments de preuves concernant la place de chacun des tests aujourd’hui disponibles.

Principaux recommandations

  • La présentation clinique de la maladie est guidée par la réponse immunitaire du patient. Par ailleurs, la séroprévalence des IgM et IgG n’est pas rare et peut atteindre 20% dans certaines populations exposées au risque de borréliose (travail extérieur). Aussi, la réalisation d’un test biologique n’est pas recommandée en cas de morsure de tiques en l’absence de symptômes évocateurs.
  • Un érythème migrant typique ne nécessite pas de diagnostic biologique et doit faire l’objet d’un traitement immédiat. Seule la présence d’une manifestation cutanée atypique ou d’autres manifestations (cardite, arthrite, acrodermite…) peut motiver la recherche d’anticorps B. burgdoferi.
  • Plus de 99% des patients développent des anticorps dans les 6 à 8 semaines après l’infection. Aussi, la maladie de Lyme peut être écartée si leur recherche est négative chez un patient présentant des symptômes depuis plus de 6 semaines. Si la clinique n’est pas évocatrice, il ne faut pas réaliser une recherche d’anticorps (Ac), qui expose à un risque de faux positif et de diagnostic inapproprié.
  • L’identification des Ac dans le LCS via le calcul de l’index de synthèse intrathécale des anticorps est réservée aux cas de suspicion de neuroborréliose. La présence des Ac pouvant persister des années après l’infection ou le traitement, le test sera considéré comme positif s’il est associé à d’autres signes inflammatoires du LCS, comme la pléocytose. Comme dans le sang, la sensibilité diagnostique augmente avec le délai écoulé depuis l’infection (80% à 6-8 semaines, 100% environ au-delà).
  • La recherche des Ac plasmatiques passe par l’identification des IgG et des IgM. En cas de symptômes de plus de 6 semaines, la valeur prédictive des IgM, prise isolément, n’est pas suffisante pour porter le diagnostic. Un test en deux temps (ELISA puis Immoblot en cas de positivité) apporte un diagnostic confirmatoire.
  • Il n’est en règle générale pas nécessaire de reproduire à distance un test biologique négatif, sauf si le premier a été réalisé dès le tout début des symptômes cliniques.
  • Lorsqu’ils sont prescrits à bon escient, les tests sérologiques ont une valeur prédictive négative très élevée mais la valeur prédictive positive est plus modeste : c’est la raison pour laquelle il faut éviter de conduire un tel test si les symptômes cliniques ne sont pas suffisamment évocateurs [1].
  • La détection directe de B. burgdoferi est réservée à des cas spécifiques et des laboratoires experts.