TDAH : le méthylphénidate peine à démontrer clairement son efficacité

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À retenir

  • Cette nouvelle revue Cochrane, qui a évalué le méthylphénidate (MPH) chez des enfants et adolescents atteints de TDAH, confirme les résultats de la précédente parue en 2015.
  • Le MPH pourrait améliorer les symptômes de TDAH rapportés par les enseignants : hyperactivité, impulsivité, difficultés de concentration.
  • Il n’aurait aucun effet sur la qualité de vie, ni sur la survenue d’effets indésirables (EI) graves, mais augmenterait le risque d’EI non graves tels que des troubles du sommeil ou des pertes d’appétit.
  • Cependant, pour l’ensemble des paramètres étudiés, le niveau de certitude reste très faible et la taille de l’effet incertaine, ce qui appelle de nouveaux essais contrôlés randomisés sur des durées plus longues.

Pourquoi est-ce important ?

La précédente revue Cochrane réalisée en 2015 avait montré une amélioration des symptômes rapportés par les enseignants et celle de la qualité de vie rapportée par les parents. Mais les faibles niveaux de preuve des études incluses n’avaient pas permis d’affirmer l’amplitude de l’effet avec certitude, et le MPH avait été associé à davantage d‘effets indésirables (EI) non graves comme des troubles du sommeil ou une perte d’appétit. Plus tard, une autre revue avait rapporté des EI plus sévères par rapport à l’absence d’intervention, mais les études incluses présentaient des risques de biais importants. Étant donné l’engouement pour cette molécule au cours de ces dernières années, une nouvelle revue Cochrane a donc été réalisée récemment pour clarifier son rapport bénéfices-risques.

Méthodologie

La revue a inclus tous les essais contrôlés randomisés ayant évalué le MPH vs placebo ou l’absence d’intervention chez des enfants ou des adolescents (<18 ans) ayant été diagnostiqués avec un TDAH. Les critères principaux évalués étaient l’efficacité sur les symptômes de TDAH et les effets indésirables.

Principaux résultats

Au total, 212 essais ont été inclus dans la revue représentant plus de 16.000 participants. L’âge moyen était d’environ 10 ans (3-18), le sex ratio de 3 garçons pour une fille. La plupart étaient des études américaines et de courte durée (moins de 6 mois) et les durées moyennes de traitement par MPH étaient de 67 jours. Par ailleurs, une part non négligeable de ces études (41%) avaient été financées par l’industrie pharmaceutique. La très grande majorité (n=200) avait évalué le MPH contre placebo et beaucoup (n=191) étaient à haut risque de biais.

Comparé au placebo ou à l’absence d’intervention, le MPH améliorait les symptômes de TDAH (d’environ -11 points sur l’échelle d’évaluation du TDAH allant de 0 à 72), avec un très faible niveau de certitude, mais en atteignant la pertinence clinique (>6,6 points).

Il n’augmentait pas le risque d’effets indésirables graves (décès, hospitalisations, ou handicap, RR 0,91 [0,31-0,68]), mais augmentait celui d’EI non graves (RR 1,22 [1,08-1,43]) comme les troubles du sommeil ou des pertes d’appétit, avec un très faible niveau de certitude dans les deux cas cependant.