Tadasana ! La position de yoga qui préviendrait les syncopes vasovagales
- Sue Hugues
- Nathalie Barrès
- Actualités Médicales par Medscape
La pratique régulière d'une manœuvre spécifique de yoga semble réduire la sensibilité à la syncope vasovagale réflexe, selon une nouvelle étude [1].
L'exercice tadasana – une pratique contemplative basée sur le mouvement qui corrige progressivement le déséquilibre orthostatique en renforçant les réflexes neuromusculaires protecteurs – pratiqué à raison de seulement 15 minutes deux fois par jour, a été associé à l'élimination complète des épisodes de syncope vasovagale chez de nombreux patients.
« Ces exercices sont très faciles à réaliser, peu coûteux et très efficaces. C'est une solution très simple pour faire face à une situation angoissante et potentiellement dangereuse », a déclaré l'auteur principal le Dr Hygriv Rao à theheart.org, Medscape Cardiologie. « Nous sommes ravis de ces résultats. Nous pensions que cela fonctionnerait, mais nous ne nous attendions pas à ce que cela soit aussi efficace. Cela semble fonctionner pour presque tous les patients ».
« Nous avons constaté qu'avec la manœuvre de tadasana, les épisodes de syncope complète, où le patient perd réellement conscience, ont complètement cessé, et les épisodes de quasi-syncope, où le patient se sent faible mais ne s'évanouit pas complètement, ont été considérablement réduits », a ajouté Rao. « La perte de conscience réelle, qui est la partie la plus dangereuse, a pratiquement disparu. Cela donne beaucoup de confiance aux patients et à leurs familles. »
Les chercheurs rapportent leurs premiers résultats d'une étude pilote de la technique dans une lettre du JACC: Clinical Electrophysiology publiée en ligne le 26 janvier [1].
Peu de traitements efficaces
Le Dr Rao, cardiologue aux hôpitaux KIMS, à Hyderabad, en Inde, a expliqué que la syncope vasovagale est une brève perte de conscience due à une chute de la pression artérielle induite par des troubles neurologiques et causée par des réflexes neuromusculaires défectueux.
Elle est généralement déclenchée par un stress émotionnel, une position debout prolongée ou le fait de se lever trop rapidement d'une position assise.
Très peu de traitements se sont révélés efficaces, et les approches de prise en charge actuelles consistent soit à éviter les éléments déclencheurs, soit à augmenter les apports hydriques, soit à anticiper le malaise en demandant à la personne de se coucher, de lever les jambes ou de baisser la tête pour augmenter le flux sanguin vers le cerveau quand elle sent un épisode arriver.
« On assiste depuis peu à un regain d'intérêt pour le yoga en tant que thérapie préventive pour la syncope vasovagale », a noté le Dr Rao. « Nous avons envisagé diverses positions de yoga et nous avons choisi la manœuvre de tadasana pour l'étudier dans ce contexte car elle ressemble aux exercices que l’on fait parfois faire à des patients atteints de syncope vasovagale, mais avec quelques différences, notamment l'ajout d'une respiration synchronisée, qui peut aider à stabiliser le tonus autonome. »
Pour la manœuvre tadasana [tadasana, littéralement position de la montagne, NDLT], l'individu se tient droit, les pieds joints, les bras le long du corps (contre un mur s'il a besoin de soutien), et soulève alternativement la partie avant et arrière de ses pieds.
Les pratiquants lèvent d'abord leurs orteils avec leur poids reposant sur la plante des pieds, puis après quelques secondes ils lèvent leurs talons avec leur poids sur l'avant du pied. Puis, après quelques secondes de plus, ils lèvent leurs bras sur leurs épaules, s'étirant vers le haut tout en se tenant sur leurs orteils.
Ces mouvements sont synchronisés avec des exercices de respiration, l'individu prenant une profonde inspiration en levant les bras et expirant à nouveau en abaissant les bras.
« Chaque mouvement prend quelques secondes et chaque cycle de mouvements prend environ 2 minutes. Si cela est effectué 8 fois, cela prend environ 15 minutes. Nous recommandons cette routine de 15 minutes deux fois par jour », a déclaré Hygriv Rao.
Etude pilote chez 113 patients dont la moitié formée à la technique
Dans l'étude mentionnée ici, il a été conseillé à 113 patients diagnostiqués avec un trouble vasovagal récurrent de pratiquer des manœuvres physiques standard et de maintenir une hydratation adéquate. La prescription de médicaments était laissée à la discrétion du médecin traitant.
Parmi ceux-ci, 61 patients ont été formés en outre à la pratique de la manœuvre tadasana et invités à pratiquer le mouvement pendant 15 minutes deux fois par jour. Les durées moyennes des symptômes et le suivi dans les deux groupes étaient similaires. Le suivi moyen était d'environ 20 mois.
Les résultats ont montré que les épisodes de quasi-syncope et de syncope ont diminué dans les deux groupes, mais la réduction était beaucoup plus importante chez les patients pratiquant la manœuvre de tadasana.
Avant le traitement, les 52 patients du groupe conventionnel ont présenté 163 événements de syncope ou de quasi-syncope. Pendant le suivi, 22 récidives de symptômes sont survenues chez 12 patients (23%). Le nombre total moyen d'événements par patient a diminué de 3 à 0,4.
Les événements de syncope complète dans ce groupe sont passés de 65 chez 32 patients à 2 sur 2 patients (moyenne par patient, 1,3 à 1), et les événements de quasi-syncope sont passés de 98 chez 34 patients à 20 chez 10 patients (moyenne par patient, 2,0 à 0,4).
Dans le groupe tadasana, 61 patients ont présenté 378 événements de syncope/quasi-syncope avant le traitement ; lors du suivi, seuls 6 événements sont survenus chez 5 patients (8%). Par patient, le nombre total d'événements est passé d'une moyenne de 6 à 0,1.
Les événements de syncope complète sont passés de 108 chez 48 patients à 0 (moyenne par patient, 1,8 à 0) et les événements de quasi-syncope sont passés de 269 chez 33 patients à 6 chez 5 patients (moyenne par patient, 4,4 à 0,1).
« Cette combinaison d'exercice et de respiration agit sur le dysfonctionnement réflexe neuromusculaire qui se produit dans la syncope vasovagale », a noté le Dr Rao. « Les mouvements se concentrent sur le renforcement des réflexes neuromusculaires dans les quadriceps et les muscles du mollet, ce qui peut augmenter la circulation sanguine et le retour veineux, empêchant ainsi l'accumulation de sang dans le bas du corps », a-t-il expliqué.
3 résultats principaux
Pour les chercheurs, cette étude pilote offre trois résultats principaux. Premièrement, la thérapie conventionnelle et la thérapie conventionnelle plus tadasana semblaient être bénéfiques pour les patients par comparaison à l’importance de leurs symptômes initiaux respectifs. Deuxièmement, l'application de tadasana en tant que traitement d'appoint était associée à moins de récidives d'événements totaux (c'est-à-dire, syncope et quasi-syncope combinées), et troisièmement, tadasana était bien toléré, aucun événement indésirable n'ayant été signalé.
« La réduction du nombre total d'événements (c'est-à-dire les événements de syncope et de quasi-syncope) par rapport au nombre de pré-traitement était substantielle et la plupart des patients tadasana ont été pris en charge sans aucune pharmacothérapie », rapportent les auteurs.
Le Dr Rao a noté qu'au départ, presque tous les patients des deux groupes prenaient des médicaments pour leur problème, mais au cours de l'étude, ces médicaments ont été réduits car moins d'épisodes se sont produits. À la fin du suivi, 80% du groupe conventionnel prenaient encore des médicaments contre seulement 14 % de ceux du groupe tadasana.
Les patients ont eu une séance de formation initiale en personne avec un instructeur de yoga, puis ont reçu une formation de suivi en ligne par vidéo. Le Dr Rao a déclaré que le taux de conformité était très élevé, « presque 100% ».
Il mentionne qu'un total de 200 patients ont maintenant été traités avec cette approche dans son hôpital avec des résultats très similaires à ceux observés dans l'étude initiale.
Ce travail a été financé en partie par une subvention de la famille du Dr Earl E. Bakken à l'appui de la recherche cœur-cerveau. Le Dr Rao n'a révélé aucune relation financière pertinente.
Cet article a été écrit par Sue Hugues et initialement publié sur Medscape.com, puis traduit par Stéphanie Lavaud pour Medscape France.
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