Tabac et poids : les chercheurs remettent en cause certains dogmes !
- Carreras-Torres R & al.
- BMJ
- Nathalie Barrès
- Résumé d’article
À retenir
Une étude menée par randomisation mendélienne (méthode basée sur des prédictions génétiques) montre contrairement aux résultats d’études observationnelles, que l’augmentation de l’IMC, du pourcentage de masse grasse corporelle ou de la circonférence à la taille augmenterait le risque de tabagisme et l’intensité du tabagisme. Ces résultats soulignent le rôle de l’obésité sur l’initiation du tabac et pourraient être utiles pour les campagnes de prévention anti-tabac.
Pourquoi est-ce important ?
Les études observationnelles montrent immanquablement qu’il existe une association inverse entre le tabagisme actif et le poids, et soulignent également l’augmentation du poids à l’arrêt du tabac. La première association serait liée à l’effet du tabac sur la diminution de l’appétit et la seconde serait la conséquence d’un report d’une attitude d’addiction sur la consommation alimentaire. L’utilisation de marqueurs génétiques, qui repose sur une méthode appelée randomisation mendélienne, permet de réduire le risque de biais (liés à des facteurs confondants ou de causalité inversée) afin de mieux estimer la relation causale entre un phénotype (ou facteur de risque) et une situation.
Ainsi, paradoxalement, les analyses mendéliennes présentées ici montrent que l’augmentation de l’IMC génétiquement prédit favoriserait le tabagisme. Ces données sont particulièrement importantes notamment chez les enfants et adolescents en surpoids qui pourraient donc être plus enclins que d’autres à fumer.
Principaux résultats
L’étude a été conduite à partir de la cohorte UK Biobank, constituée de plus de 370.000 sujets, puis les résultats ont été confirmés sur la cohorte Tabacco and Genetics (TAG) consortium, constituée de près de 75.000 individus.
L’analyse mendélienne montre que chaque incrémentation d’une déviation standard de l’IMC (basée sur des prédictions génétiques) augmente de 24% le fait d’être un fumeur actif (OR 1,24) et de 18% le fait d’être un fumeur actif ou un ancien fumeur (OR 1,18, p<0,001). Des résultats similaires ont été mis en évidence pour la masse grasse et la circonférence à la taille : l’augmentation d’une déviation standard du pourcentage de masse grasse et de circonférence à la taille (génétiquement prédit) augmente respectivement le fait d’être un fumeur actif de 53% et 33% et d’être un fumeur actif ou un ancien fumeur de 23% et 24%.
Cette association mise en évidence sur la cohorte UK Biobank a été évaluée sur les données du TAG consortium, et des résultats similaires ont été retrouvés.
Par ailleurs, toute augmentation génétiquement prédite d’une déviation standard de l’IMC augmenterait la consommation tabagique de 0,88 à 1,27 cigarettes/jour (p<0,001 et p=0,002) respectivement pour les analyses menées sur la cohorte UK Biobank et la cohorte TAG.
Financement
Étude financée par des fonds publics.
Malheureusement, l’accès à l’intégralité de cet article est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d’un compte.
Vous avez atteint la limite d'articles par visiteur
Inscription gratuite Disponible uniquement pour les professionnels de santé