Synthèse : effets de la pollution atmosphérique sur la santé respiratoire

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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Suite à une première version de 2016, le Groupe Pathologies pulmonaires professionnelles environnementales et iatrogéniques (PAPPEI) et la Société de pneumologie de langue française (SPLF) publient une réactualisation des données sur le sujet afin d’aider les praticiens à mieux communiquer sur le problème.

Pollution atmosphérique : de quoi parle-t-on ?

La pollution atmosphérique rassemble les éléments polluants d’origine physique (radioactivité, énergie…), chimique (gaz, particules, aérosols…) ou biologiques (pollens, acariens, moisissures…) qu’ils soient de type primaire (émissions directes) ou secondaires (par dispersion, contamination ou transformation en composés secondaires).

Les principaux polluants primaires sont le dioxyde de soufre (combustion fossile), les oxydes d’azote (combustion d’essence, fioul, biomasse…), les particules (d’origine mécanique, chimique, thermique ou biologique), les composés organiques volatils ou COV (carburants et solvants), les métaux lourds et les polluants organiques persistants. Les principaux polluants secondaires sont l’ozone (formé à partir des COV et oxydes d’azote à basse atmosphère sous l’effet des UV et de la température). Les pics d’ozone surviennent donc plus volontiers en été, alors que les taux d’oxydes d’azote sont plus élevés en hiver et le long des axes routiers. Cependant, et notamment du fait des courants atmosphériques, la pollution de l’air n’est pas l’apanage des zones urbaines.

La pollution de l’air intérieur repose surtout sur la présence d’allergènes, d’endotoxines et de substances chimiques et particulaires.

Quelle évolution la pollution atmosphérique a-t-elle suivie en France ?

La pollution atmosphérique est aujourd’hui principalement liée aux émissions des installations de chauffage et des gaz d’échappement des véhicules. Depuis 2000, les taux de dioxyde d’azote (NO2), de particules PM10 (<10µm) et de métaux lourds dans l’air ambiant ont diminué. Les pics d’ozone ont légèrement diminué mais sont contrebalancés par une augmentation de la moyenne annuelle du taux d’ozone. Si la qualité de l’air s’améliore sur certains aspects, les taux ne respectent pas les normes établies par l’OMS pour la protection de la santé. Le réchauffement climatique va augmenter les dépassements des taux d’ozone en été et la pollution particulaire du fait de la multiplication des feux de forêts.

Pollution et maladie respiratoires : impact et mécanismes

Il existe plusieurs mécanismes principaux à l’origine des conséquences physiopathologiques de la pollution : le stress oxydatif, qui favorise par lui-même des phénomènes épigénétiques, le remodelage des voies aériennes, l’inflammation des voies aériennes et des mécanismes immunologiques favorisant la sensibilisation allergique.

À court terme, les risques liés aux polluants atmosphériques sont principalement respiratoires et infectieux (bronchites, pneumonies, …) pour le sujet sain. Le patient présentant une pathologie respiratoire et/ou cardiaque préexistante présente surtout un risque d’aggravation, voire de décès. L’augmentation du risque peut être décalée d’environ une journée (asthme) à 3 journées (BPCO) par rapport à la survenue du pic de pollution.

Les principaux risques sanitaires sont liés à l’exposition à long terme, qui serait responsable de 90% de la morbimortalité spécifique : les effets sont non négligeables, même pour des seuils considérés comme normaux.

En termes de mortalité, le fait de résider en milieu urbain et, a fortiori, près d’un axe routier ou depuis la naissance, favorise la morbidité globale et respiratoire. Le sur-risque de décès toutes causes à 25 ans serait compris entre 5 (particules) et 14% (NO2) pour la population urbaine. La mortalité d’origine respiratoire est évidemment la mieux documentée. Concernant la morbidité, on estime que 15% des nouveaux cas d’asthme chez l’enfant et de cancer bronchique chez l’adulte ainsi que 20 à 30% des cas de BPCO seraient liés à la pollution atmosphérique chronique. Des études récentes évoquent aussi une association de cette dernière avec le risque de fibrose pulmonaire idiopathique. D’autres effets semblent aussi associés, et devront être validés : troubles de la croissance, de la reproduction, risque diabétique...

Principaux conseils en cas de pics de pollution

- éviter l’activité physique et sportive impliquant une hyperventilation en intérieur comme en extérieur en cas de pic de pollution. S’il s’agit d’un pic de pollution à l’ozone, seules les activités physiques et sportives intenses en plein air sont déconseillées.

- les enfants sans pathologie particulière n’ont pas lieu d’être maintenus en intérieur étant donné les risques associés à la pollution de l’air intérieur.

- Pour les personnes à risque (pathologies chroniques, sujets âgés...), il faut éviter toutes les activités physiques et sportives intenses, contacter un professionnel de santé en cas de gêne respiratoire ou cardiaque, limiter les sorties longues, bien respecter les traitements à visée respiratoire et cardiaque.

Le texte consacre également toute une partie au diesel et aux normes de qualité de l’air, ainsi qu’à la morbimortalité liée à la qualité de l’air intérieur.