Syndrome des jambes sans repos : un sur-risque de dépression et d’idées suicidaires
- Chenini S & al.
- Mov Disord
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
A retenir
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Une étude cas-témoins française menée auprès de 529 patients atteints d’un SJSR (Syndrome des jambes sans repos) montre que le taux de sujets présentant des symptômes dépressifs ou des pensées suicidaires est multiplié par 10 et par 3 respectivement, par rapport à des sujets contrôles appariés sur l’âge, le sexe et le niveau d’études.
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La prise en charge pharmacologique du SJSR permettrait de réduire la fréquence des symptômes dépressifs mais pas celle des idées suicidaires.
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L’évaluation de la santé psychique au diagnostic et durant le suivi des patients avec un SJSR est importante.
Pourquoi est-ce important ?
Le SJSR est un trouble sensitivomoteur qui serait lié à une carence centrale en fer et/ou un dysfonctionnement dopaminergique, sans doute associés à des facteurs génétiques et environnementaux. Le retentissement des symptômes associés au SJSR (paresthésies, dysesthésies des jambes, agitation motrice, troubles sensitifs douloureux, troubles du sommeil …) sur l’humeur et la qualité de vie est important dans les formes modérées à sévères de la maladie. Des enquêtes et certaines études suggèrent que les personnes souffrant de SJSR ont une fréquence accrue d’épisodes dépressifs majeurs, de symptômes dépressifs et de pensées suicidaires, notamment en lien avec les troubles du sommeil. Cependant, il n’est pas clairement établi si ces troubles sont liés au SJSR ou à des comorbidités qui lui sont associées. Afin d’évaluer objectivement ces sur-risques et la façon dont le traitement peut les améliorer, une équipe du Centre National de Référence Narcolepsie Hypersomnie a conduit une étude cas-témoins dans laquelle chaque patient diagnostiqué SJSR était apparié à un sujet contrôle de même âge, sexe et niveau d’études.
Méthodologie
Les symptômes dépressifs et les pensées suicidaires des patients SJSR et contrôles ont été évalués à partir d’autoquestionnaires validés (Restless Leg Syndrome -RLS-, Insomnia Severity Index -ISI-, Beck Depression Inventory-II – BDI-II- avec une dépression modérée à sévère au-delà de 19 points, Epworth somnolence score -ESS-, pensées suicidaires via le Mini International Neuropsychiatric Interview -MINI-). Ils ont également rempli l'échelle de comportement impulsif UPPS (Urgence, préméditation, persévérance, recherche de sensations) permettant d’évaluer cinq facettes de l'impulsivité. Un sous-groupe de 153 patients était également reçu en entretien par un neuropsychologue pour confirmer les symptômes. Enfin, le suivi à un an de 152 patients a été possible et a permis d’évaluer le bénéfice du traitement sur ces différents troubles.
Principaux résultats
Au total, 549 patients adultes SJSR non traités ont été recrutés entre 2006 et 2019 (âge 54,09 ans, 61,20% de femmes). En moyenne, ils étaient 16,21% à présenter une ferritine <50 μg/L et 39,7% à avoir des antécédents familiaux de SJSR, de premier degré chez 82 patients.
Par rapport aux sujets témoins, les patients SJSR avaient un IMC plus élevé, et avaient plus souvent une somnolence diurne, et une insomnie. Selon l’analyse, les sujets SJSR non traités avaient un risque de symptômes dépressifs multiplié par 10 par rapport aux sujets contrôles (score BDI-II ≥ 20 : 32,43 % vs 5,28 % soit un OR de 10,51 [6,74-16,4], p<0,0001), et le risque de pensées suicidaires était multiplié par 3 (28,05 vs 9,47 %, soit un OR de 3,58 [2,48-5,15], p<0,0001). Ces surrisques restaient significatifs après contrôle sur les scores d'IMC, d'ESS et de l'ISI. L’âge plus jeune, le sexe féminin, les symptômes d'insomnie et la dimension d’urgence (fortes réactions suite à des contextes émotionnels intenses) étaient indépendamment associés aux symptômes dépressifs modérés à sévères.
Dans le sous-groupe des 152 patients suivis durant un délai médian de 1 an (57,2% de femmes), la plupart prenaient un agoniste dopaminergique à faible dose (rotigotine ou pramipexole), moins souvent un ligand α-2-delta, seuls ou en association. La sévérité du SJSR, les scores ISI, ESS et BDI-II étaient améliorés significativement à la consultation de suivi versus l’inclusion. Seule la fréquence des pensées suicidaires n’était pas améliorée.
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