Syndrome de l’intestin irritable : du nouveau du côté des probiotiques
- Sabaté JM & al.
- World J Gastroenterol
- Nathalie Barrès
- Résumé d’article

À retenir
- Une étude randomisée française montre que, chez des patients souffrant de syndrome de l’intestin irritable (SII), un traitement par Bifidobacterium longum 35624 durant 30 jours offrirait un soulagement significatif des symptômes chez environ deux tiers des patients.
- Le soulagement concernerait également les patients qui avaient les symptômes les plus sévères à l’inclusion.
- Les patients traités par probiotique ont également exprimé avoir gagné en qualité de vie.
Pourquoi est-ce important ?
Selon les critères d’évaluation utilisés, entre 4% et 10% de la population souffrirait de SII. Pour un quart de ces sujets, la sévérité des symptômes a un retentissement sur leur qualité de vie. Des données de la littérature suggèrent l’implication du microbiote dans la physiopathologie, et l’intérêt d’un traitement probiotique. Or, très peu de probiotiques ont démontré une efficacité sur les symptômes de SII via des études randomisées, menées en double aveugle. C’est le cas de Bifidobacterium longum 35624. L’étude présentée ici montre l’intérêt de préciser le niveau de sévérité de la maladie à l’inclusion et d’utiliser les critères de Rome IV pour décrire les symptômes, ce qui est rarement le cas.
Méthodologie
Cette étude observationnelle, multicentrique, prospective, a été menée en ouvert auprès de patients adultes souffrant de SII selon les critères de Rome IV et ayant été suivis entre novembre 2018 et janvier 2020 par des gastroentérologues privés. Les patients inclus ne devaient pas avoir été sous probiotiques dans les deux semaines qui précédaient l’inclusion, ni avoir reçu un traitement antibiotique récemment. Ceux ayant eu une chirurgie abdominale étaient également exclus. Les patients de l’étude ont reçu quotidiennement durant un mois, une gélule de B. longum 35624 (à raison de 109 unités formants colonie). Les patients étaient invités à ne pas changer leur alimentation durant l’étude.
Principaux résultats
Au global, 233 patients souffrant de SII (71,2% de femmes, âge moyen 51,4 ans) ont été inclus dans cette étude. La majorité étaient non-fumeurs (87,7%) et ne consommaient pas d’alcool (63,9%). L’indice de masse corporelle (IMC) était normal pour la moitié d’entre eux (51,2%) et 33,5% étaient en surpoids et 9,4% obèses. Sur l’ensemble de la cohorte, 15,8% étaient sous un régime alimentaire spécifique depuis plus d’un mois et n’ont pas modifié ce régime alimentaire durant l’étude.
Si, pour plus de la moitié des sujets (55%) aucun facteur favorisant du SII n’a été identifié, un événement inaugural pouvait être suspecté pour les autres : infectieux (4%), stressant (35%), abus sexuel (8 individus).
Le score moyen de sévérité du SII (SII-SSS) était élevé à l’inclusion (score moyen SII 303,0 sur un maximum de 500). La qualité de vie (QoL) moyenne en lien avec le SII (QoL-SII) soulignait l’impact des symptômes (score moyen : 60,2 sur un maximum de 100).
Après une période de 30 jours de traitement par B. longum 35624, une diminution significative de la sévérité du SII a été observée par rapport à l’inclusion (le score de sévérité étant passé de 303 à 208, p<0,001). Plus de la moitié des sujets (57%) ont perçu une diminution globale de leurs symptômes : symptômes sévères 20,0% versus 46,6% ; symptômes modérés 36,1% versus 48,1% ; symptômes légers 35,2% versus 4,7% et 8,7% des patients étaient rémission après le traitement versus 0,9% avant. Une amélioration significative de la sévérité des symptômes (>50 points d’IBS-SSS) a été observée chez 65,7% des individus et ce quel que soit le sous type de SII.
À 30 jours, la qualité de vie de l’ensemble de la cohorte était significativement améliorée (score de qualité de vie spécifique au SII 68,8 versus 60,2, p<0,001) et plus de 6 patients sur 10 (63%) étaient satisfaits de ce traitement.
Des effets indésirables ont été rapportés par 4,1% des individus sous traitement, comprenant des flatulences, des douleurs abdominales, des distension abdominales, des troubles gastro-intestinaux moteurs et un gain de poids.
Cet article a été illustré par Élodie Gazquez.
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