Syndrome de l’intestin irritable : les bénéfices du transfert de microbiote fécal


  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’articles
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S’il a été suggéré que la transplantation de microbiote fécal pouvait constituer une option de traitement pour restaurer un microbiote normal, aucun essai randomisé n’avait encore été mené dans le traitement du syndrome de l’intestin irritable (SII). Des chercheurs se sont donc lancés dans l’aventure, et viennent de publier les résultats d’un essai randomisé mené chez des sujets souffrant de SII modéré à sévère, à prédominance diarrhéique ou mixte.

Méthodologie

  • Essai monocentrique en double aveugle, randomisé, contrôlé vs placebo, mené en groupes parallèles.
  • Les patients inclus devaient être âgés de 18 à 75 ans, présenter un syndrome de l’intestin irritable avec prédominance de diarrhées (SII-D) ou avec diarrhées et constipation (SII-D/C), mais sans prédominance de constipation (critères de ROME III, score de sévérité IBS-SSS du SII ≥175).
  • Les patients étaient inclus dans l’étude par des médecins généralistes en Norvège.
  • Les sujets ont été assignés (2:1) pour recevoir un transfert de microbiote fécal ou un placebo. La transplantation consistait en l’administration par coloscospie de 50-80 g de fèces mélangées avec 200 ml de solution saline isotonique et 50 ml de glycérol à 85%.
  • Un faible nombre de donneurs de fèces a été recruté afin de standardiser au mieux le matériel transplanté. Ceux-ci ne devaient pas avoir pris d’antibiotiques ou avoir réalisé de nouveaux tatouages ou piercings dans les 3 derniers mois, et ils ne devaient pas présenter d'habitudes sexuelles à risque, d'antécédents d’incarcération, ou d’antécédents de diarrhée chronique, de constipation, de maladie inflammatoire des intestins, de syndrome de l’intestin irritable, de polypes colorectaux ou de cancer, d’immunosuppression, d‘obésité, de syndrome métabolique, de maladie cutanée atopique ou de fatigue chronique.
  • Le critère principal d’évaluation était le soulagement des symptômes de plus de 75 points (mesuré par le score IBS-SSS), trois mois après la transplantation de microbiote fécal.
  • Les analyses ont été réalisées en intention de traiter modifiée (ITTm).
  • Cet essai a été complété par une phase en ouvert jusqu’à 12 mois.

Résultats

  • Entre le 1er janvier et le 30 octobre 2015, 90 sujets ont été recrutés et assignés dans le groupe traitement actif (n=60) ou placebo (n=30).
  • Trois sujets n’ont pas reçu la transplantation de microbiote fécal et quatre ont été exclus après avoir reçu le diagnostic de colites. Au total, 83 sujets ont été analysés en ITTm (55 dans le groupe traitement actif et 28 dans le groupe placebo).
  • Les caractéristiques démographiques et cliniques des sujets à l’inclusion étaient similaires entre les deux groupes. Et la prise de FODMAP est restée stable durant l’étude dans les deux groupes. 36 sujets (65%) des 55 participants ayant reçu le traitement actif contre 12 (43%) des 28 ayant reçu le placebo ont montré une diminution d’au moins 75 points du score IBS-SSS à 3 mois (p=0,049). En revanche, des analyses post hoc ont montré que les résultats n’étaient pas maintenus à 12 mois.
  • Un participant a eu des nausées et des vertiges transitoires dans le groupe actif et il est resté en observation plusieurs heures après la procédure.
  • Des « souillures » de greffes ont eu lieu chez deux participants (un dans chaque groupe) et trois ont éprouvé des douleurs abdominales intermittentes auto-limitantes (un dans le groupe actif et deux dans le groupe placebo).
  • Aucun événement indésirable grave n’a pu être attribué à la transplantation de microbiote fécal.

Limitations

  • Aucune analyse du microbiote n’a été réalisée ; ainsi, les liens de causalité ne peuvent être établis.
  • L’échantillon était de faible taille.
  • L’effet peut être dépendant du donneur.

Financements

Financée par l’Université de Tromsø (Norvège).

À retenir

Ces résultats à trois mois, montrent que la transplantation de microbiote fécal pourrait présenter un intérêt pour soulager les patients du SII à prédominance diarrhéique ou mixte. Mais cet effet ne perdurerait pas dans le temps. Cependant, ces résultats nécessitent d’être confirmés par des études de plus grande ampleur.