Syndrome de l’intestin irritable : régime pauvre en FODMAP en première intention ?
- Nathalie BARRÈS
- Actualités Congrès
À retenir
- Une revue narrative montre qu’il existe des preuves significatives soulignant l’intérêt d’un régime pauvre en oligosaccharides, disaccharides, monosaccharides et polyols fermentiscibles (FODMAP) chez les patients souffrant de syndrome de l’intestin irritable (SII).
- Cette stratégie thérapeutique pourrait même être une stratégie de première intention pour réduire l’inconfort gastrique, les douleurs, les ballonnements, les flatulences et améliorer la qualité de vie des patients.
Pourquoi est-ce important ?
Le régime pauvre en FODMAP est l’une des stratégies contribuant à réduire les symptômes intestinaux et améliorer la qualité de vie des patients atteints de SII.
Cette revue narrative présente une vue d’ensemble des données actuelles sur l’efficacité de ce régime dans ce contexte clinique.
Méthodologie
Sept bases de données ont été consultées pour mettre en évidence les études d’intérêt publiées sur le sujet jusqu’en mars 2023.
Principaux résultats
- À travers le monde, la prévalence de cette pathologie varie entre 5% et 20% chez l’adulte, et elle serait plus élevée chez la femme que chez l’homme.
- Aucun biomarqueur spécifique du SII n’existe actuellement, le diagnostic repose sur la clinique basée sur les critères de Rome IV revus en 2016, à savoir, douleurs abdominales récurrentes, survenues toutes les semaines au cours des 3 derniers mois, associées à au moins un des critères suivants : changement de la fréquence et/ou aspect des selles. Les patients sont classés en SII avec constipation prédominante (SII-C), SII avec diarrhée prédominante (SII-D), SII mixte (SII-M) ou SII non classifié (SII-U). L’échelle de Bristol est utile pour aider le patient à décrire l’aspect de ses selles. Le diagnostic est posé après anamnèse complète et demande d’analyses biologiques (hémogramme, protéine C-réactive, vitesse de sédimentation des érythrocytes, tests sérologiques de la maladie cœliaque, lactoferrine fécale, calprotectine fécale, utiles au diagnostic différentiel.
- La physiopathologie est très complexe et non encore complètement élucidée. Elle implique une altération des neurotransmetteurs entériques, des déséquilibres du microbiote intestinal, des troubles endocriniens, une hypersensibilité viscérale, des perturbations de la fonction de la barrière intestinale, de la motilité intestinale et un dysfonctionnement de la réponse au stress. L’altération serait bidirectionnelle à travers l’axe cerveau-intestin et causée par une association complexe de variables biologiques, psychologiques et sociales.
- La prolifération bactérienne dans l’intestin grêle présente chez la majorité des patients prouve que le microbiote intestinal est au premier plan de la physiopathologie du SII et induirait les ballonnements, constipation, diarrhée et flatulences.
- L’alimentation peut contribuer à la physiopathologie, ainsi que l’utilisation d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), d’antibiotiques, ainsi que la survenue d’infections intestinales et de stress. L’ingestion d’aliments riches en FODMAP et en amines biogènes (qui produisent de l’histamine) a été associée à l’apparition de symptômes de SII.
- La prise en charge du SII s’appuie sur la pharmacologie (antidépresseurs, andispasmodiques et laxatifs si besoin), l’alimentation et la psychothérapie.
- Au cours de la dernière décennie, de nombreuses options diététiques ont émergé pour tenter de soulager ces patients : régime pauvre en FODMAP, sans gluten, pauvre en fibres, pauvre en glucides, cétogène, paléolithique,...
- Un aliment est considéré riche en FODMAP s’il dépasse : plus de 4 g de lactose, plus de 0,3 g de mannitol, de sorbitol, de galacto-oligosaccharides ou de fructane issus de céréales ou plus de 0,2 g de fructanes ne provenant pas de céréales.
- La recherche clinique a démontré qu’un régime pauvre en FODMAP pouvait améliorer les symptômes liés au SII chez 70% des patients. Ce régime présente cependant quelques inconvénients : sa complexité, la limitation de certains aliments, son coût élevé, la nécessité d’un accompagnement diététique pour garantir un apport nutritionnel optimal. Les études montrent que le régime pauvre en FODMAP améliore considérablement la qualité de vie des patients atteints de SII par rapport à ceux qui suivent des recommandations diététiques standards et un régime riche en FODMAP. Les études ayant exploré les éventuelles carences en micronutriments associées au régime pauvre en FODMAP pour la prise en charge du SII, suggèrent que si ce régime peut entraîner une réduction de l’apport en thiamine, riboflavine et calcium, ces réductions ne sont pas maintenues après ajustement de l’apport énergétique. Il n'entraînerait pas de déficits significatifs et améliorerait l’apport alimentaire global. Les patients qui ont suivi un régime pauvre en FODMAP avec l’accompagnement d’un diététicien avaient consommé davantage de folates, de fer, de niacine et de zinc.
Malheureusement, l’accès à l’intégralité de cet article est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d’un compte.
Vous avez atteint la limite d'articles par visiteur
Inscription gratuite Disponible uniquement pour les professionnels de santé