Syndrome de l’intestin irritable ou SIBO (small intestinal bacterial overgrowth) ?

  • Nathalie BARRÈS
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Une étude montre que plus d’un tiers des patients atteints de syndrome de l’intestin irritable (SII) serait également atteints d’une prolifération bactérienne dans l’intestin grêle (SIBO pour small intestinal bacterial overgrowth[1].
  • La présence d’un SIBO n’accentuerait pas la sévérité du SII et la quantité de gaz méthane (CH4) et d'hydrogène (H2) mesurée par test respiratoire pour diagnostiquer un SIBO ne serait pas corrélé avec la sévérité du SII.
  • La présence de CH4 au test respiratoire est associée à la constipation, en revanche les niveaux de CH4 ne sont pas associés à la sévérité de la constipation. La mesure de H2 au test respiratoire est significativement plus élevée chez les patients ayant un phénotype diarrhéique.
  • Les auteurs concluent que « la sévérité [du SII] semble davantage liée à la susceptibilité individuelle à la douleur ».

Pourquoi est-ce important ?

Le SII concerne 10% à 15% de la population dans les pays développés. La physiopathologie du SII est complexe et peut impliquer une hyperalgésie intestinale, une dysrégulation du système immunitaire intestinal, un état micro-inflammatoire et des perturbations qualitatives et quantitatives du microbiote intestinal. Le SIBO se caractérise par un excès de bactéries intestinales dans l’intestin grêle, responsable d’une production de gaz (H2 et CH4) et de symptômes micro-inflammatoires similaires à ceux rencontrés dans le SII. La prévalence et le rôle du SIBO chez les patients ayant reçu un diagnostic de SII restent encore mal évalués dans la littérature, d’où l’intérêt de cette étude.

Méthodologie

Cette étude avait pour objectif de mesurer la prévalence du SIBO chez les patients souffrant de SII et d’évaluer la corrélation entre les niveaux de CH4 et de H2 obtenus lors des tests respiratoires au glucose et la sévérité de la maladie. Les patients ont été inclus de manière prospective entre janvier 2021 et janvier 2022. Le test au glucose était défini comme positif lorsque les valeurs de H2 dépassaient les 12 ppm dans les 90 premières minutes après ingestion de glucose et/ou lorsque les valeurs de CH4 dépassaient 10 ppm à tout moment. La sévérité du SII mesurée par l’échelle IBS-SSS, la qualité de vie, l’anxiété et la dépression (HAD) ont été évaluées, afin d’observer les éventuelles corrélations avec la production de H2 et de CH4.

Principaux résultats

Deux cent quarante-sept patients atteints de SII ont été inclus dans cette étude de manière prospective. Tous ont réalisé un test respiratoire au glucose pour mesurer la production de H2 et CH4 pour diagnostiquer un SIBO. La prévalence du SIBO était de 36,4% (9,7% au H2 et 26,7% au CH4). Aucun des patients inclus n’avait de test positif à la fois au H2 et au CH4

La positivité des tests n’était pas significativement différente entre les patients traités par IPP et les autres.

Les patients positifs aux tests respiratoires avaient plus souvent tendance à se plaindre de constipation (40%) que de diarrhée (32,2%) ou de l’alternance des deux (27,8%). En revanche, la sévérité de la constipation n’était pas corrélée aux taux de CH4 produits, ni aux taux de H2 produits.

La sévérité des symptômes liés au SII n’était pas corrélée aux niveaux de H2 ou de CH4.

La production de CH4 n’était pas significativement corrélée à la qualité de vie, à la dépression ou à l’anxiété.

La production d’hydrogène était, quant à elle, inversement corrélée à la qualité de vie et significativement corrélée à la dépression, mais pas à l’anxiété.