Symptômes peu spécifiques. Et si vous aviez recours à un test sanguin de détection précoce du cancer ?

  • Nathalie BARRÈS
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Pour la première fois, une évaluation prospective, menée sur une importante cohorte, démontre la faisabilité d’un test sanguin d’aide au diagnostic de cancer chez des sujets présentant des symptômes susceptibles d’être liés à un cancer en structure de soins primaires.

  • Ce test MCED (pour MultiCancer Early Detection) est basé sur l’analyse de la méthylation. Lorsqu’il est positif, la probabilité d’un diagnostic de cancer est élevée.

  • Et ce test permet d’identifier des cancers à des sites autres que ceux suspectés à la consultation initiale, réduisant ainsi les retards diagnostiques.

  • Ce test pourrait être un outil d’aide à l’orientation en urgence vers un avis oncologique de patients présentant des signes et symptômes non spécifiques.

Pourquoi est-ce important ?

La détection et la prise en charge précoces sont deux éléments clés pour améliorer le pronostic vital des sujets atteints de cancer. Ce test peut être un outil complémentaire pour identifier des patients présentant des symptômes peu spécifiques de cancer à être orienter rapidement vers un dépistage de cancer ou un avis spécialisé.

Des travaux complémentaires sont encore nécessaires avant l’utilisation de ce type de test en pratique clinique.

Méthodologie

Cette étude multicentrique, prospective et observationnelle, a été menée dans 44 sites hospitaliers du National Health Service (NHS) en Angleterre et au Pays de Galles. Les participants étaient des adultes adressés pour symptômes non spécifiques ou potentiellement dus à des cancers gynécologiques, pulmonaires ou gastro-intestinaux supérieurs ou inférieurs. Un échantillon sanguin a été prélevé pour exploration de l’ADN libre circulant. Les patients étaient suivis jusqu’à obtention d’un diagnostic ou durant 9 mois. Les prédictions obtenues via le test MCED ont été comparées au diagnostic obtenu par le parcours de soins standard.

Principaux résultats

Au global, les données de 5.461 sujets ont été inclus dans les analyses finales pour juger des performances du test MCED (âge médian 61,9 ans, 66,1% de femmes). Les principaux symptômes évoqués par les patients étaient la perte de poids inexpliquée (24,1%), les modifications du transit intestinal (22,0%), des saignements post-ménopausiques (16,0%), des saignements rectaux (15,7%), des douleurs abdominales (14,5%) et des douleurs sans précisions spécifiques (10,6%). Après un examen de soins standard, 368 patients, soit 6,7% de la cohorte incluse dans les analyses ont reçu un diagnostic de cancer. Les autres ont reçu un autre type de diagnostic.

Le test MCED s’est révélé positif chez 323 cas. Parmi eux, 244 sujets avaient reçu un diagnostic de cancer par le parcours habituel. Ainsi, la valeur prédictive positive (VPP) du test était donc de 75,5% [70,5-80,1] et la valeur prédictive négative (VPN) de 97,6% [97,1-98,0], avec une sensibilité de 66,3% [61,2-71,1] et une spécificité de 98,4% [88,5-98,7].

La sensibilité du test augmentait avec l’âge et le stade du cancer, passant de 24,2% au stade I à 95,3% au stade IV. La sensibilité et la prédictibilité étaient plus élevées chez les patients présentant des symptômes digestifs hauts, justifiant de la recherche d’un cancer du tractus gastro-intestinal supérieur (80,4% et 99,1% respectivement).

De nombreux cancers ont été diagnostiqués à d’autres sites que ceux vers lesquels les symptômes évoqués pouvaient orienter, ce qui souligne la difficulté en soins primaires d’obtenir une orientation diagnostique efficace en cas de suspicion de cancer.