Suicides en période périnatale : facteurs de risque et stratégies de prévention
- Agnès Lara
- Résumé d’article
À retenir
- Selon le dernier rapport de l’enquête nationale confidentielle sur les morts maternelles (ENCMM) en France, le suicide concerne 1,4 femmes sur 100.000 naissances vivantes en France.
- Ces suicides surviennent en médiane au 4e mois post-partum.
- Les facteurs de risque identifiés sont la précarité, l’isolement, les événements de vie douloureux, les antécédents psychiatriques ou encore les complications durant la grossesse ou l’accouchement.
- La majorité de ces décès seraient évitables par un dépistage des femmes à risque et la mise en place d’un parcours de soins coordonnés.
Pourquoi est-ce important ?
La période périnatale, de la grossesse jusqu’à un an post-partum, représente une période de vulnérabilité face au risque de développement ou d’aggravation de troubles psychiatriques pouvant aller jusqu’au suicide des jeunes mères. Un article du BEH de mars 2023 rassemble les données de la littérature internationale et celles du dernier rapport de l’ENCMM en France. Il présente la fréquence et les caractéristiques des décès maternels par suicide, ainsi que les facteurs de risque et les stratégies de prévention.
Suicides maternels : fréquence et facteurs de risque
Selon l’ENCMM, les suicides représentent 13,4% de l’ensemble des décès maternels sur la période 2013-2015 en France. Ils sont même la première cause de mortalité maternelle à un an post-partum. Cela correspond à un ratio spécifique de mortalité maternelle (RMM) de 1,4 décès pour 100.000 naissances vivantes (NV), un chiffre à comparer à celui des décès périnataux toutes causes confondues de 10,8 pour 100.000 NV.
L’ENCMM fait également ressortir que 23% des suicides se produisent au cours des 42 premiers jours, avec un délai médian de 126 jours (4 mois) depuis l’accouchement. Deux tiers des suicides surviennent donc tardivement.
Plusieurs facteurs de risque socio-économiques ont pu être identifiés et parmi eux : un jeune âge au moment de la grossesse, grossesse non désirée, conflits familiaux, violences subies, isolement, absence de conjoint, discriminations, faibles revenus, faible niveau d’éducation, résidence en zone rurale… Selon l’enquête ENCMM, 43% des femmes suicidées avaient été exposées à des facteurs psychosociaux. Des antécédents personnels de troubles psychiatriques (33%) ont également été retrouvés. Le risque suicidaire est également augmenté en cas de complications de la grossesse ou de l’accouchement.
Un parcours de soins gradué et coordonné
Les résultats de l’ENCMM indiquent que 91% des suicides maternels sont peut-être ou probablement évitables. Parmi les stratégies de prévention susceptibles d’éviter une part de ces décès, le dépistage et l’orientation précoces et répétés des femmes à risque tout au long de la période périnatale sont préconisés par les recommandations internationales. Le suivi de la grossesse offre des opportunités pour cela, et les médecins généralistes et obstétriciens qui sont en première ligne devraient y être formés, tout comme les psychologues et psychiatres. Le projet gouvernemental des « 1.000 premiers jours » prévoit une évaluation de la santé mentale et des facteurs de vulnérabilité à au moins trois moments clés : l’entretien prénatal précoce au 4e mois de grossesse (obligatoire depuis 2020), le séjour à la maternité, l’entretien post-natal entre la 4e et la 8e semaines post-partum (obligatoire depuis juillet 2022). Le projet prévoit également le renforcement des visites à domicile de la Protection Maternelle Infantile dans les situations de vulnérabilité psychosociale identifiées, le déploiement de nouvelles unités mères-parents/enfants et la mise en place en place de nouvelles équipes mobiles en psychiatrie périnatale. D’autres actions de prévention « s’axent sur une information sur la santé mentale et sur l’amélioration de la coordination des soins » entre les différents acteurs. Par ailleurs, des solutions d’aval sont encore à organiser de façon à proposer à ces femmes dépistées une offre de soin adaptée sur l’ensemble du territoire.
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