Substituts nicotiniques, quoi, quand, comment ?

  • Agnès Lara
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Selon une revue Cochrane ayant inclus tous les essais randomisés qui avaient comparé des substituts nicotiniques entre eux, l’association de patch avec un autre substitut nicotinique d’action rapide offre les meilleures chances de sevrage à long terme par rapport à l’usage d’une seule forme de ces traitements.
  • Les chances de sevrage sont similaires avec les patchs et les autres formes de substituts nicotiniques (gommes, comprimés à sucer, spray nasal/buccal, etc.).
  • Les formes à plus faible dosage en nicotine (patchs ou gommes) semblent associés à de moins bonnes chances de sevrage que ceux plus fortement dosés, quoique ces résultats semblent dépendre du niveau de dépendance à la nicotine des fumeurs.

Pourquoi est-ce important ?

L’intérêt des substituts nicotiniques dans le sevrage tabagique n’est plus à démontrer. Mais la sécurité et l’efficacité des formes à utiliser, les doses, la durée et le calendrier de traitement sont moins bien définis. Une revue Cochrane a fait le point des données de la littérature sur ces questions.

Méthodologie

Tous les essais randomisés ayant comparé des substituts nicotiniques les uns aux autres chez des sujets motivés pour arrêter de fumer ont été recherchés jusqu’en avril 2022. Pour être inclus ces essais devaient avoir pour critère l’arrêt du tabac, avoir assuré un suivi d’au moins 6 mois. L’abstinence a été évaluée à au moins 6 mois et les effets indésirables cardiaques, ainsi que les effets indésirables graves et les sorties d’étude liées au traitement.

Principaux résultats

Au total, 68 essais, représentant 43.327 sujets (adultes pour la plupart), ont été retenus pour l’analyse, dont 28 à haut risque de biais. Les résultats montrent avec un haut niveau de certitude que l’association de formes à action rapide (gomme à mâcher, comprimés à sucer, spray nasal/buccal…) et de patchs permet d’obtenir de meilleurs résultats, avec 27% de chances supplémentaires d’obtenir un sevrage de longue durée à 6 mois (risque relatif [RR] de 1,27 [1,17-1,37] – 16 études, 12.169 participants). Les résultats étaient similaires lorsque des substituts d’action rapide (gommes) ou des patchs étaient utilisés.

Concernant les doses, il semblerait que les patchs de 42-44 mg/24h soient aussi efficaces que ceux de 21-22 mg et que ceux de 21-22 mg le soient davantage que ceux de 14 mg (RR 1,48 [1,06-2,08] – 1 étude, 537 participants, niveau de certitude modéré). De même les gommes de 4 mg paraissent plus efficaces que celles dosées à 2 mg (RR 1,43 [1,12-1,83] – 5 études, 856 participants). La différence était significative chez les sujets fortement dépendants à la nicotine, moins chez les autres.

Les individus qui initiaient un traitement par substituts nicotiniques quelques jours avant le jour d’arrêt de la cigarette avaient 25% de chances supplémentaires d’être abstinents 6 mois plus tard par rapport à ceux qui initiaient le traitement le jour même (RR 1,25 [1,08-1,44] – 9 études, 4.395 participants), niveau de certitude modéré. En revanche la durée de traitement, qu’il s’agisse de patch, de substituts nicotiniques d’action rapide ou de l’association des deux ne semble pas avoir d’impact sur le succès du sevrage (niveau de certitude faible ou très faible).

Les effets indésirables cardiaques, graves et les sorties d’études n’ont pas été mesurés de façon systématique dans les études. Il n’a de ce fait pas été possible d’établir de résultats clairs.