Stress post-traumatique : nouvelle étude de phase 3 confirmant l’intérêt de la méthamphétamine
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
À retenir
- Selon une étude de phase 3 , la 3,4-Méthylènedioxyméthamphétamine (MDMA, ou “ecstasy”) administrée avant chaque séance de psychothérapie réduit de façon significative la sévérité des troubles du stress post-traumatique (TSPT) modéré à sévère chez l’adulte, par rapport à des séances équivalentes précédées d’un placebo. Cette administration a permis d’augmenter les chances de rémission après 18 semaines de suivi (soit 6 semaines après la troisième et dernière séance). Ce résultat a été obtenu auprès d’une population dont le profil était varié et généralement complexe.
- Les auteurs rappellent que « la MDMA induit des sentiments et des interactions prosociales et adoucit les réponses aux stimuli émotionnellement difficiles et effrayants, ce qui pourrait améliorer la capacité des personnes souffrant de TSPT à bénéficier de la psychothérapie, en réduisant les sensations de peur, de menace et d'émotivité négative. Le faible taux d'abandon dans le groupe MDMA a été reproduit dans sept autres études, ce qui suggère que la MDMA induit un véritable changement dans l’engagement des participants ».
Pourquoi est-ce important ?
Les psychothérapies constituent le traitement de référence des TSPT, mais elles ne permettent pas de soulager une partie des patients et le taux d'abandon est élevé. La MDMA est une substance psychoactive qui amplifie la capacité d'empathie, l’extinction de la peur et améliore l’ouverture et le comportement social, en agissant sur l'inhibition et la libération de la recapture des monoamines. Après plusieurs études de phase 2 concluantes, une étude pivot (MAPP1) a confirmé sa capacité à réduire la sévérité des TSPT modéré à sévère, et les troubles fonctionnels en résultant. Cette première étude ayant rassemblé une population peu disparate, l’étude MAPP2 visait à explorer les mêmes critères d’évaluation parmi une cohorte plus représentative de la pratique clinique.
Méthodologie
MAPP2 est une étude multicentrique randomisée en double aveugle qui a recruté des adultes (≥18 ans) ayant un diagnostic confirmé de TSPT, avec un score total de sévérité CAPS-5 ≥28 (sévérité modérée ou supérieure) depuis 6 mois ou plus. Une première phase de l’étude a permis de stopper tous les médicaments psychotropes avant le début de l'étude. Après trois séances de préparation avec l’équipe thérapeutique, trois séances de psychothérapies (1 par mois) ont été planifiées, qui étaient précédées par une administration de MDMA ou de placebo (80 mg, puis 40 mg 1,5 à 2 heures après à la séance 1, 120 mg puis 60 mg aux séances 2 et 3).
Principaux résultats
Au total, 104 patients (71,2% de femmes, âge moyen 39 ans) ont été inclus, dont 9 ont abandonné (soit 8 du groupe placebo). Les deux tiers étaient blancs et 26,9% étaient d’origine hispanique ou latino. Les traumatismes (ancienneté 16,2 ans en moyenne) étaient des troubles apparus dans l’enfance, liés à l’exposition à des combats ou à la guerre, sachant qu’ils étaient environ 4 sur 5 à avoir des TSPT liés à de multiples causes. À l’inclusion, le score moyen CAPS-5 était de 39,0 dans les deux groupes, avec 73,1% ayant des troubles sévères, et un quart de sous-type dissociatif.
À 18 semaines, la réduction du score de sévérité CAPS-5 (Clinician-Administered PTSD Scale for DSM-5, critère principal) par rapport à l’inclusion était de 23,7 points dans le groupe MDMA puis psychothérapie contre 14,8 points pour le groupe placebo-psychothérapie (différence -8,9 [-13,70 à -4,12], p<0,001, méthode des moindres carrés). Le score moyen SDS d’évaluation fonctionnelle (Sheehan Disability Scale, critère secondaire) était réduit de 3,3 et 2,1 points respectivement (différence -1,20 [-2,26 à -0,14], p=0,03). L’amélioration était observée dans tous les sous-domaines des scores, et indépendamment de la sévérité initiale, de la consommation d'alcool ou de substances, d’expériences négatives sévères vécues pendant l'enfance ou du fait de présenter un sous-type dissociatif. Ils étaient 71,2% à ne plus répondre aux critères diagnostiques de TSPT dans le groupe ayant reçu la MDMA (vs 47,6%), et 46,2% à être considérés en rémission (vs 21,4%).
Au cours de l’étude, 98,1% ont eu au moins un effet indésirable, et aucun événement grave n’a été considéré comme lié au traitement. Les manifestations qui étaient plus fréquentes dans le groupe expérimental que le groupe contrôle étaient des contractures musculaires, des nausées, une diminution de l'appétit et une hyperhidrose, généralement transitoires et légers à modérés. Des augmentations transitoires de la fréquence cardiaque et de la tension artérielle sont apparues de manière dose-dépendante.
Principales limitations
Les participants ayant un risque élevé de suicide, des troubles de la personnalité ou une maladie cardiovasculaire n’ont pas été inclus dans l’étude.
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