Stratégie nationale de prévention des infections et de l’antibiorésistance
- Serge Cannasse
- Actualités professionnelles
Peut-être est-ce dû à l’épidémie de COVID-19, dont le HCSP (Haut Conseil de la santé publique) souligne l’impact important sur la future stratégie 2022-2025 de prévention des infections et de l’antibiorésistance : les habitudes semblent évoluer, puisque la DGS (Direction générale de la santé) a demandé au Haut Conseil d’analyser l’évaluabilité de cette stratégie. Pour mémoire, l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) définit l’évaluabilité comme « la mesure selon laquelle une activité ou un programme est évalué de façon fiable et crédible, » ce qui suppose de vérifier avant la mise en route de l’activité projetée (évaluation ex-ante) si « ses objectifs sont définis de façon adéquate et si ses résultats sont vérifiables. »
Le HCSP a examiné le document que lui a soumis le Ministère des solidarités et de la santé. Il note qu’il s’apparente davantage à un plan national quadriennal qu’à une stratégie, puisque celle-ci est assortie d’emblée de modalités opérationnelles.
Il considère que dans l’ensemble, la stratégie « répond aux besoins et problèmes en France en matière de prévention des infections et de l’antibiorésistance liée à la santé humaine. » Mais il regrette que la question des inégalités sociales et territoriales de santé ne soit pas abordée. En conséquence, il recommande de promouvoir le principe de l’universalisme proportionné dans la conception des actions de sensibilisation, en adaptant les outils aux publics visés. Il a en effet été largement montré que l’approche universelle retenue par le document procure un bénéfice décroissant avec le niveau socio-culturel et contribue ainsi à creuser les inégalités.
Il note aussi que la stratégie est « conforme aux grandes orientations préconisées par l’OMS et apparait cohérente avec les plans d’action mis en place dans différents pays industrialisés. » Cependant il regrette que l’approche globale (One Health) intégrant la santé animale et les écosystèmes n’y soit pas intégrée.
Bien que la stratégie s’inscrive « de façon cohérente dans les priorités nationales de santé », il note l’absence d’articulation avec le programme national d’amélioration de la politique vaccinale.
32 recommandations
Il formule au total 32 recommandations. Parmi elles, on notera qu’il préconise d’établir « un état des lieux chiffré, précis et actualisé » sur l’épidémiologie des infections communautaires et associées aux soins, les niveaux de consommation des antibiotiques selon leur lieu de prescription et la prévalence des résistances bactériennes en médecine humaine en France, non seulement au niveau national, mais aux niveaux régionaux et infrarégionaux.
En ce qui concerne le pilotage, il recommande de s’assurer que les fonctions décisionnelles et opérationnelles soient bien distinguées. Il conseille aussi de renforcer la place des acteurs de soins primaires aux niveaux national comme locaux, notamment pour les actions d’amélioration des pratiques professionnelles.
Enfin, si un tableau d’indicateurs d’impact de la stratégie est prévu, le HCSP recommande de préciser pour chacun non seulement la valeur cible, mais aussi celle de départ et la périodicité des estimations.
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