Spondyloarthrite sévère en France : évaluation épidémiologique et économique

  • Ferguson TA & al.
  • Eur J Immunol

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
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À retenir 

La prévalence importante de la spondyloarthrite (SpA) sévère en France serait de 0,18% au sein de la population générale et conduirait à presque 400 millions d’euros de dépenses de santé en coûts directs et coûts liés aux comorbidités associées. La fréquence de certaines comorbidités cardiovasculaires (notamment hypertension) et celle de la dépression devraient inciter les praticiens à suivre systématiquement les patients pour optimiser leur prise en charge globale.

Pourquoi est-ce important ?

La prévalence de la spondyloarthrite au niveau mondial est estimée entre 0,20 et 1,61%1. Cette étude fournit des données intéressantes sur l’épidémiologie des formes sévères, spécifiquement sur le territoire français. Globalement, la prévalence décrite par cette publication correspond à environ la moitié de celle rapportée dans deux précédentes études françaises, l’une datant de 2001 (0,30%) et l’autre de 2010 (0,43%). Ces études avaient considéré tous les cas de SpA quel que soit leur sévérité. Il était donc intéressant d’avoir des données actualisées et plus spécifiquement liées aux cas les plus sévères qui présentent un risque accru de comorbidités (troubles cardiovasculaires, ulcères gastro-duodénaux, ostéoporose, dépression). 

Principaux résultats

Parmi les 470.326 adultes représentatifs de la population générale (issus de l’échantillon généraliste des bénéficiaires de l’Assurance Maladie française), 827 sujets bénéficiant d’une ALD pour cause de SpA sévère ont été identifiés et appariés à un groupe contrôle de 2.481 sujets. Ainsi, la prévalence des sujets bénéficiant d’une ALD pour spondyloarthrite sévère en France était de 0,18%. Cette prévalence variait en fonction de l’âge et du genre. Elle augmentait aux alentours de 50 ans, puis diminuait chez les sujets les plus âgés, et concernait 0,20% des hommes et 0,15% des femmes (p<0,0001 entre les sexes).

L’âge moyen de la population ayant une SpA sévère était de 50,4 ans et 57,3% étaient des hommes. En moyenne, les sujets concernées bénéficiaient d’un statut ALD depuis 9,7 ans.

Les 65 sujets qui ont acquis le statut ALD durant l’année de l’étude ont été considérés comme des cas incidents et ont permis de calculer un taux incident de 1,4 cas/10.000 personnes. L’âge moyen des sujets incidents était de 42,7 ans et 38,5% étaient des hommes.

La mortalité était similaire chez les sujets atteints SpA sévère et les sujets contrôles.

Les comorbidités sévères étaient plus fréquentes chez les sujets souffrant de SpA sévère que chez les sujets contrôles (28,9% vs 18,8%, p=0,0003) : ainsi, ils présentaient significativement plus fréquemment des troubles intestinaux inflammatoires (odds ratio (OR) 15,0), une hypertension (OR 2,5), une fibrillation atriale (OR 4,3) et des troubles dépressifs majeurs (OR 2,1).

Le montant moyen annuel des dépenses directes de santé était 3,6 fois supérieur pour les sujets atteints de SpA sévère que pour les sujets contrôles (6.122 € versus 1.682 €). 

Une extrapolation à l’ensemble des cas français amène à un coût total de dépenses de santé attribuables aux sujets atteints de SpA sévères de 391 millions d’Euros, avec une contribution des médicaments à hauteur de 53,8%.

Méthodologie

Étude rétrospective basée sur une cohorte de patients présentant une spondyloarthrite sévère, identifiés à partir de la base de données de l’Assurance Maladie française. Tous les adultes bénéficiant d’une ALD pour spondyloarthrite sévère en 2012 ont été identifiés et appariés par âge et sexe à un groupe contrôle (3 cas contrôles par cas de SpA sévère). 

Principales limitations

La principale limitation tient au fait que les données sont issues d’une base de données, et qu’il n’est de fait pas possible d’être absolument certain du diagnostic de SpA.