Spondylarthrite ankylosante, uvéite antérieure, maladie de Crohn et microbiote: le lien est-il avéré?
- Nathalie BARRÈS
- Résumé d’article
À retenir
- Une étude vient de montrer qu’il existe une dysbiose intestinale commune chez les sujets souffrant de spondylarthrite ankylosante (SpA) et de pathologies inflammatoires apparentées.
- Les auteurs ont mis en évidence des associations microbiennes communes et spécifiques à ces pathologies et suggèrent que ces communautés exerceraient un rôle médiateur sur l’activité de la maladie.
- Cependant, de futures études sont encore nécessaires pour passer de la simple association au lien de causalité. Celles-ci pourraient bénéficier du séquençage entier du génome et de la qualification des métabolites fécaux afin de mieux démêler les contributions de l’hôte et du microbiote sur les états inflammatoires pathologiques.
Pourquoi est-ce important ?
La spondylarthrite est une maladie à médiation immunitaire fortement concomitante avec d’autres troubles inflammatoires non musculo-squelettiques comme l’uvéite antérieure aiguë ou la maladie de Crohn (MC). Si l’association épidémiologique entre ces pathologies est bien documentée, les mécanismes physiopathologiques sous-jacents ne sont pas encore totalement identifiés. Jusqu’à présent, les analyses de microbiote des patients atteints par ces pathologies étaient individuelles et aucune étude n’avait jusque-là exploré leur concomitance. Il est de plus en plus évident que les traitements médicamenteux impactent la composition du microbiote, ce qui implique d’en tenir compte dans les études. Cette étude exploratoire a eu pour objectif de rechercher les concomitances et disparités du microbiote chez des patients atteints de maladies inflammatoires non musculo-squelettiques et de comparer les microbiotes de ces sujets à des témoins.
Méthodologie
Un séquençage de l’ARN 16S a été réalisé sur des échantillons de selles de 277 patients issus de la cohorte germanique German Spondyloarthritis Inception Cohort (GESPIC) et atteints de MC (n=72), uvéite antérieure aiguë (n=103) ou de SpA (n=102), et de 62 sujets témoins souffrant de dorsalgies mais sans troubles inflammatoires. Les patients n’avaient jamais reçu de traitement de fond synthétique par DMARDs (Disease-modifying antrheumatic drugs) ou n’en avaient pas reçu depuis plus de 3 mois avant l’inclusion.
Principaux résultats
Plus de la moitié des sujets inclus atteints d’uvéite antérieure aiguë et un cinquième de ceux souffrant d’une MC avaient une SpA à prédominance axiale (SpAax). Une grande majorité des sujets atteints d’uvéite antérieure aiguë et de SpAax étaient porteurs de l’antigène HLA-27, contre moins de 10% pour ceux du groupe MC et du groupe témoin.
Plus de 9 patients sur 10 n’avaient jamais pris de médicaments biologiques (DMARD ou autres). Près de 4 patients sur 10 souffrant uniquement de SpA recevaient également des inhibiteurs de la pompe à protons. En revanche, 70% prenaient des glucocorticoïdes, un DMARD conventionnel systémique ou un AINS et 22% en prenaient 2 simultanément.
Bien que les phylum dominants au sein des microbiotes des sujets atteints d’une pathologie inflammatoire étaient les Firmicutes, suivis des Bacteroïdetes, Actinobacteriae et Proteobacteriae, de fortes disparités existaient au niveau du genre.
Par exemple, un appauvrissement commun en Lachnospiraceae et Fusicatenicacter a été observé par rapport aux sujets témoins recevant des AINS, et pourrait avoir partiellement contribué à l’augmentation de la CRP. Les personnes atteintes de SpA présentaient un enrichissement important en Collinsella par rapport aux témoins et les personnes HLA-B27+ un enrichissement en Faecalibacterium quel que soit le phénotype de la maladie. Les auteurs ont par ailleurs émis l’hypothèse que l’HLA-B27 – qui jouerait un rôle causal dans la SpA – pourrait façonner la composition du microbiote intestinal.
Autre exemple, les patients atteints de MC avaient une surabondance de Ruminococcus. Un traitement antérieur par DMARDcs était associé à une augmentation d’Akkermansia.
Aucune association significative entre les taxons, l’âge, le sexe ou l’IMC n’a été mise en évidence.
Ces résultats soulignent que de nombreux mécanismes sont encore à découvrir pour mieux cerner les propriétés immunomodulatrices de certaines micro-organismes, connaitre l’impact des traitements sur le microbiote et exploiter ces données à des fins diagnostiques.
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