Spectre des complications neuropsychiatriques associées au COVID-19

  • Varatharaj A & al.
  • Lancet Psychiatry

  • Agnès Lara
  • Résumé d’article
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À retenir

  • À partir d’un réseau de portails Internet impliquant différentes sociétés savantes et spécialités médicales, 153 cas de patients ayant présenté des complications neurologiques associées dans le temps à une infection COVID-19 ont été rapportés durant la phase exponentielle de l’épidémie.
  • Les AVC ischémiques sont apparus comme les complications neurologiques les plus fréquentes.
  • Un groupe important de patients présentant un syndrome confusionnel a également été identifié et celui-ci était associé à des pathologies neurologiques (encéphalites) ou psychiatriques (psychoses).
  • Ces résultats doivent amener les cliniciens à surveiller la possible apparition de ces manifestations chez les patients atteints de COVID-19 et inversement, à suspecter un COVID-19 chez ceux présentant des syndromes neurologiques et psychiatriques en cette période d’épidémie.

 

Pourquoi est-ce important ?

Des publications de plus en plus nombreuses rapportent des complications neurologiques associées au COVID-19. En plus de l’anosmie et de l’agueusie très caractéristiques de la maladie, des vertiges et des céphalées ont été décrits comme associés au COVID-19. Des signes neurologiques et neuropsychiatriques ont également été rapportés (encéphalites, encéphalopathies), souvent associés à un pronostic plus sombre. Mais il s’agissait pour la plupart de séries de cas limitées. Une équipe britannique s’est donc tournée vers la communauté des neuroscientifiques du pays de façon à explorer à travers différentes spécialités le spectre de telles complications associées au COVID-19. 

Méthodologie

Un réseau de portails permettant de notifier les cas présentant des complications neurologiques associées au COVID-19 ont été ouverts durant la phase exponentielle de l’épidémie, à travers les sites Internet de différentes sociétés savantes : Association of British Neurologists (ABN), Rare Diseases Ascertainment and Recruitment (RaDAR), la British Association of Stroke Physicians(BASP) et le Royal College of Psychiatrists (RCPsych), en collaboration avec d’autres sociétés savantes utilisant ces portails (anesthésie, neuropédiatrie, soins intensifs) et acteurs clés du domaine.

Résultats

  • Au cours de la période de déclaration qui s’est étalée sur 3 semaines du 2 au 26 avril 2020, 153 cas de complications neurologiques ou neuropsychiatriques ont été rapportés et des données cliniques complètes ont pu être recueillies pour 125 d’entre eux. Le nombre de ces cas de ces complications a augmenté de façon exponentielle avec le nombre de cas de COVID-19 au cours de l’épidémie. L’âge médian était de 71 ans (23-94) et la plupart (92%) avaient une infection confirmée au SARS-Cov-2. Pour la majorité de ces cas (62%), il s’agissait d’événements cérébrovasculaires, dont des AVC ischémiques pour 74% d’entre eux, des hémorragies intracérébrales pour 12%, et des vasculites (1%, un seul patient).
  • Un syndrome confusionnel a été rapporté dans 31% des cas (n=39/125). Pour 23% de ces sujets (n=9), ce syndrome était lié à un tableau d’encéphalopathie non spécifique, et pour 18% (n=7) à une encéphalite (signes d’encéphalopathie + inflammation avérée du système nerveux central). Les syndromes confusionnels restants (n=23) répondaient à un diagnostic psychiatrique ou neuropsychiatrique, identifié pour la première fois pour la plupart d’entre eux. Parmi ces derniers 10/23 ont présenté une psychose, 6 un syndrome neurocognitif et 7 un autre trouble psychiatrique.
  • Ces patients atteints de syndrome confusionnel étaient de tous âges : près de la moitié (49%) avaient moins de 60 ans, alors que les sujets atteints d’AVC avaient le plus souvent plus de 60 ans (82% des cas).