Spécificités cliniques de l’épidémie actuelle de variole du singe

  • Serge Cannasse
  • Actualités Médicales
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Longtemps confinée à l’Afrique, la variole du singe est aujourd’hui présente sur l’ensemble des continents. Cette extension s’accompagne de changements dans les caractéristiques cliniques des patients. Afin de préciser celles-ci, une équipe de l’hôpital Bichat - Claude Bernard (AP-HP, Paris), associée à l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) et à l’Université Paris Cité, a conduit une étude entre le 21 mai et le 5 juillet 2022 chez 420 patients testés pour le Monkeypox virus, parmi lesquels 264 ont été inclus du fait d’une PCR positive (condition d’éligibilité). Ce travail a été publié dans la revue Clinical Microbiology and Infection.

Parmi ces 264 patients, 99% (n=262) étaient des hommes, dont 95% (n=245) ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) et 42% (n=90) ayant pratiqué le chemsex au cours des trois derniers mois. 29 % (n=73) vivaient avec le VIH.  Parmi les autres patients, 71% (n=136) prenaient une prophylaxie pré-exposition en prévention de l’infection par le VIH (PrEP). Seulement 47% des patients (n=112) avaient eu un contact connu avec un cas confirmé de variole du singe. Ce contact était de nature sexuelle dans 95% des cas (86/91).

Les principaux symptômes étaient la fièvre (171 sur 253 cas, 68%) et des adénopathies (174/251, 69%). Les lésions cutanées affectaient majoritairement les régions génitales (132/252, 54%) et péri-anales (100/251, 40%).

Dix-sept patients sur 264 (6%) ont été hospitalisés. Tous étaient des hommes adultes non immunodéprimés. Les motifs d'hospitalisation étaient les suivants : cellulites (n=4) et panaris (n=3), probablement liés à une surinfection bactérienne, atteintes anales et digestives sévères avec douleurs intenses (n=4), angine avec dysphagie (n=4) et atteintes ophtalmologiques liées au virus monkeypox (1 blépharite et 1 kératite). Une prise en charge chirurgicale a été nécessaire pour 4 patients dans le cadre de surinfections cutanées.

Au total, cette étude confirme les spécificités de l’épidémie actuelle de variole du singe : elle touche principalement des HSH, se transmet principalement par contact sexuel, atteint les régions périnéales et anales et peut entraîner des formes sévères, notamment des surinfections cutanées, des atteintes anales et digestives compliquées, de la dysphagie ou des atteintes ophtalmologiques.