Spécificité et enjeux relatifs aux usagers de drogues russophones
- Caroline Guignot
- Actualités Médicales
Messages principaux
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La population usagère de drogues injectables (UDI) présente différents obstacles qui rendent sa prise en charge complexe, comme le parcours migratoire, les difficultés liées à la langue ou les obstacles à l’intégration. Ces constats, tirés de l’étude ANRS-Coquelicot, montrent aussi que lorsque l’accompagnement est adapté et les mesures de prévention proposées, l’adhésion de cette population à la réduction des risques est significative et permet de limiter les échanges de seringues ou la consommation de drogues.
La population russophone peut constituer jusqu’à un tiers des personnes reçus à Paris dans les centres de prévention. Cependant, les études dédiées à cette population, permettant de comprendre leurs spécificités et les enjeux desquels elle relève ont été peu décrits. Des chercheurs se sont intéressés aux UDI russophones inclus dans l'étude ANRS-Coquelicot. Parmi les individus inclus entre 2013 et 2015, 150 ont été invités à remplir un questionnaire, et 20 d’entre eux (dont 18 hommes) ont répondu à un entretien qualitatif. Ils vivaient en France depuis 3,3 ans en moyenne mais avaient quitté leur pays d'origine depuis en moyenne 5,3 ans (La Géorgie dans 55,0% des cas). La plupart avait migré pour des motifs douloureux (stigmatisation, politique, abandon…).
Précarité, vulnérabilité et efficacité des messages de prévention
Pour 77,0% des participants, la première consommation de drogue avait eu lieu dans leur pays d'origine, tandis que 19,5% avaient commencé en France. L'âge moyen pour la première injection étant de 21,8 ans et le produit le plus souvent injecté était l'héroïne (43,6%). Après leur arrivée en France, ces UDI ont pris conscience des risques de contamination virale (VIH et hépatite C notamment) lié au partage de seringues, qu’ils déclaraient pratiquer auparavant à 49,9% dans leur pays d'origine, et qui avait diminué à 13,9% depuis leur arrivée en France et à 9,3% dans le mois précédant l'étude, soit un taux inférieur à celui des personnes francophones qui déclarent partager des seringues (26%).
Si 43% d’entre eux avaient suivi des études supérieures dans leur pays, ils étaient dans une situation sociale plus précaire pour 96,8% d’entre eux, la langue étant le principal frein à leur intégration (aucune connaissance du français pour 37,6%).
Selon les auteurs, la vulnérabilité, la précarité et les difficultés liées à la langue rendent l’intégration socio-économique de ces personnes difficile. Cependant, ils adhèrent bien aux messages de prévention. L’accompagnement, l’accès à un interprète et la création de liens dans cette communauté entre les personnes les plus isolées et celles déjà suivies pourraient aider à améliorer ce constat.
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