Spécialistes : les effets de la concurrence

  • Serge Cannasse
  • Actualités Médicales
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La revue Études & Résultats (DREES – Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) vient de publier une étude sur l’activité des gynécologues, pédiatres et ophtalmologues libéraux en fonction de leur secteur de conventionnement.

Entre 2011 et 2014, 85% des gynécologues et des ophtalmologues, et 53% des pédiatres nouvellement installés ont choisi d’exercer en secteur 2. Ces chiffres augmentent régulièrement depuis 2005. En 2014, si l’on considère l’ensemble des praticiens (nouvellement installés ou pas), 51% des gynécologues et des ophtalmologues et 31% des pédiatres exerçaient en secteur 2.

En moyenne, en 2014, un spécialiste de secteur 2 avait 45 confrères exerçant à moins de 45 minutes de son cabinet. Mais la moitié avait moins de 20 confrères de secteur 2 à proximité, du fait de la concentration importante de ces spécialistes dans certains territoires. Dans sa zone de patientèle, un spécialiste de secteur 1 avait en moyenne 9 confrère du même secteur et 15 de secteur 2. Mais la moitié avait moins de 5 confrères de secteur 2 et moins de 7 confrères de secteur 1. La différence avec le secteur 2 s’explique par une meilleure répartition des spécialistes de secteur 1 sur le territoire.

Les auteurs de l’étude ont calculé qu’en moyenne, « un médecin spécialiste de secteur 2 qui voit s’installer dans sa commune un confrère exerçant lui aussi en secteur 2 serait amené, à population donnée, à baisser son prix de 3,5 % en moyenne. » Cette diminution serait moitié moindre s’il s’agit d’un confrère de secteur 1. Elle est partiellement compensée par une augmentation du volume des soins prodigués, de 3% en moyenne.

En cas d’augmentation de la concurrence, les spécialistes techniques (ophtalmologues, gynécologues-obstétriciens) augmentent significativement le nombre de leurs actes techniques, ce qui « fait plus que compenser » la baisse du nombre de leurs consultations, alors même qu’ils diminuent le tarif de ces actes. En revanche les spécialistes médicaux (pédiatres et gynécologues médicaux) ne peuvent guère utiliser ce mode d’adaptation de leurs revenus, les actes techniques ne représentant en moyenne que 10% de leur activité, contre 50% pour les spécialistes techniques.

Pour les spécialistes de secteur 1, l’activité dépend essentiellement de leurs préférences individuelles, sans prise en compte de la concurrence. Quand celle-ci augmente, le nombre de patients différents vus dans l’année baisse, mais pas le nombre total de consultations.

Enfin, quel que soit leur secteur de conventionnement, les médecins modulent leur activité en fonction de l’ensemble des revenus disponibles dans leur foyer (revenus du conjoint-e-, immobiliers ou mobiliers, etc).

Pour les auteurs de ce travail, l’ensemble de ces résultats est « en concordance avec la théorie selon laquelle les médecins auraient pour objectif un « revenu cible » global et moduleraient leur activité de manière à l’atteindre. »