Sommeil, statut anthropométrique et comportement alimentaire de l’adolescent : qui influence qui ?

Pourquoi est-ce important ?

On sait que la qualité et la durée du sommeil d’une part, et les comportements alimentaires et leurs aspects nutritionnels d’autre part, connaissent de profonds bouleversements à l’adolescence. Or, ces différents paramètres peuvent interagir avec le statut pondéral et le risque de développer une obésité. Au vu de la littérature, une durée de sommeil plus courte pourrait être liée à un IMC plus élevé ou à des comportements alimentaires plus irréguliers. Les comportements alimentaires sains, à des heures régulières, seraient aussi associés à une plus longue durée de sommeil et à moins de troubles du sommeil. Reste que la plupart des études dédiées étaient transversales, incluaient des groupes d'âge différents, et peu s’intéressaient simultanément à différents paramètres caractéristiques du sommeil. Les auteurs de ce travail ont donc souhaité conduire une revue de la littérature et une méta-analyse à partir des seules études longitudinales disponibles.

Méthodologie

Les études qui ont été utilisées pour cette revue et méta-analyse devaient avoir été publiées avant janvier 2023 et avoir inclus et suivi des adolescents âgés de 10 à 19 ans, pour lesquels au moins un aspect du sommeil avait été mesuré parallèlement aux caractéristiques anthropométriques et/ou aux comportements alimentaires et aspects nutritionnels.

Principaux résultats

Au total, 28 études ont été incluses dans l’analyse qualitative et 21 dans l’analyse quantitative. Elles ont inclus un total de 118.291 participants dont 51,6% de femmes, d'âge moyen 13,4 ans [8,1-18], principalement issus des États-Unis (39,3%) puis d’Europe (7,25%). La qualité globale de ces études était élevée et le risque de biais faible.

La méta-analyse confirme un effet global modeste (r=-0,06, p<0,001) concernant l'interaction entre le sommeil et les indices anthropométriques ultérieurs. Une durée de sommeil plus longue, une meilleure qualité de sommeil et une moindre présence de symptômes d'insomnie à l’inclusion étaient associées à un IMC et à un pourcentage de masse grasse plus faibles chez les adolescents au cours du suivi. En revanche, les paramètres anthropométriques n'étaient pas significativement liés à la qualité et à la durée du sommeil au cours du suivi. La méta-analyse était également significative (OR 1,30 [1,08-1,56], p<0,01) concernant l'interaction entre le sommeil et le risque d'obésité au cours du suivi, avec une durée de sommeil <7h et une qualité de sommeil moindre associées à un risque plus élevé d’obésité.

Seules quatre études ont évalué le lien entre le sommeil, le comportement alimentaire et les aspects nutritionnels, mais leur hétérogénéité n’a pas permis d’analyse quantitative. Deux études ont conduit à des résultats contradictoires concernant les liens entre la qualité du sommeil et l’apport calorique ou la qualité de l’alimentation au cours du temps.

Principales limitations 

Les études incluses ne rapportaient pas l’exhaustivité des paramètres qualifiant le sommeil, et un certain nombre de critères, comme ceux relatifs à la qualité de l’alimentation, étaient autodéclarés.