Sleeve, bypass, anneau gastrique et risque de fracture ostéoporotique majeure
- Paccou J & al.
- J Bone Miner Res
- Nathalie Barrès
- Résumé d’article
À retenir
Une étude rétrospective française de grande envergure menée chez des sujets en obésité sévère ayant subi une chirurgie bariatrique par pontage gastrique - ou bypass - a montré une augmentation du risque de fracture ostéoporotique majeure au-delà de 3 années de suivi post-intervention par rapport à des sujets obèses témoins n’ayant pas subi d’intervention de ce type. Le pontage gastrique était significativement associé à ce sur-risque mais pas les autres procédures – gastrectomie (sleeve) ou pose d’un anneau gastrique. Ces résultats pourraient contribuer à orienter les patients vers une procédure ou un autre en fonction de leur niveau de risque osseux. Les mécanismes sous-jacents ne sont pas tous élucidés, mais les auteurs évoquent l’implication des taux d’œstrogènes, d’adipokines, ainsi que la perte de poids et la diminution de l’apport en certains nutriments. La malabsorption liée au pontage gastrique notamment pourrait favoriser le déficit d’apport en calcium, vitamine D et protéines.
Pourquoi ces résultats sont intéressants ?
Le risque de fracture post-chirurgie bariatrique est l’une des inquiétudes des experts. Bien que plusieurs études antérieures se soient déjà intéressées au sujet, les résultats contradictoires, des études relativement courtes et la présence de biais méthodologiques ne permettent pas de statuer. L’intérêt de l’étude présentée ici réside dans sa durée (plus de 8 ans de suivi), la taille de la cohorte incluse, deux critères qui ajoutent de la robustesse à l’évaluation des risques en fonction de la technique chirurgicale utilisée.
Protocole de l’étude
Les données incluses dans les analyses sont issues de la base de données médicales nationales françaises sur la période 2008-2018. Des sujets âgés de 40 à 65 ans, ayant un IMC ≥40 kg/m2 ont été inclus et suivis jusqu’à 8 ans post-chirurgie. Ces sujets ont été appariés avec des cas contrôles (1:1) en fonction de leur âge de la sévérité de l’obésité (40-49 kg/m2 ou ≥50 kg/m2), de l’année de l’inclusion et de la présence de comorbidités.
Principaux résultats
- Au total, 40.992 patients devant subir une chirurgie bariatrique et autant de cas contrôles ont été inclus (âge moyen 49 ans, 78% de femmes).
- 45,5% des sujets avaient subi la pose d’un anneau gastrique et 35,4% un pontage gastrique.
- Une proportion plus importante de personnes avaient des antécédents de fracture ostéoporotique parmi les sujets contrôles (0,9% vs 0,6%).
- La durée moyenne globale de suivi était de 5,73 années.
- À la fin de la période de suivi, 585 fractures ostéoporotiques majeures ont été identifiées chez les sujets obèses ayant subi une chirurgie et 416 dans le groupe contrôle. Ainsi, un sur-risque global de fracture ostéoporotique majeure de 22% a été mis en évidence entre ces deux groupes.
- Le risque de fracture ostéoporotique majeur augmentait particulièrement après la 3e année de suivi post-chirurgie.
- Les fractures distales étaient les plus fréquemment associées à ce sur-risque, notamment celles du poignet (+61%). Ces fractures sont plus souvent retrouvées chez les femmes récemment ménopausées ce qui est le cas de la population de l’étude.
- Le risque de fracture ostéoporotique majeure était significativement augmenté en cas de pontage gastrique (+70%) mais pas en cas de gastrectomie ou de pose d’un anneau gastrique.
Principales limitations
Les sous-groupes n’étaient pas comparables en termes d’index de masse corporelle et de comorbidités, ce qui pourrait en partie expliquer les différences de résultats. Aucune donnée n’était disponible concernant les antécédents de fractures vertébrales, qui est un facteur de risque important de fracture ostéoporotique .
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