SFSD 2022 – Télésurveillance en cardiologie : une pertinence clinique et médico-économique

  • Caroline Guignot
  • Actualités Congrès
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Lors du congrès de la Société Française de Santé Digitale, qui s’est déroulé à Paris le 5 et 6 octobre 2022, une table ronde a évoqué les innovations de e-santé les plus prometteuses et la façon dont elles intègrent le souci de l’humain. Dans ce cadre, Rémi Sabatie (cardiologue, CHU Caen) a rapporté les très bons résultats qui émanent du programme SCAD, un programme de télésurveillance à domicile proposé aux patients souffrant d’insuffisance cardiaque (IC) dans le cadre d’un programme d’éducation thérapeutique (ETP). « Ce projet vient du constat que les patients IC sont souvent réhospitalisés, parce que le la ville et l’hôpital sont encore trop cloisonnés et par manque de personnel soignant » a-t-il expliqué. Grâce à la tablette fournie à tous ceux acceptant d’intégrer le programme, les patients répondent à un questionnaire automatisé et systématique, qui permet aussi d’affiner certaines questions lorsque les symptômes peuvent être évocateurs. In fine, cet ensemble de questions permet d’évaluer le risque de décompensation. Mais tout n’est pas entièrement algorithmique, puisque “l’objectif est de permettre aux patients à se surveiller et identifier eux-mêmes les signes de précurseurs, notamment via les quelques séances d’éducation thérapeutique délivrées en amont, la disponibilité d’une infirmière d’accompagnement et via des éléments de formation en ligne” délivrés régulièrement, visant à aider les patients à acquérir des compétences d’autoévaluation. En cas d’alerte, l’équipe médicale prend immédiatement en charge le malade.

L’étude randomisée conduite à partir des données exhaustives de nos patients recueillies dans le système national des données de santé a montré que cette télésurveillance menée durant 8 ans permet de diminuer les dépenses hospitalières de santé liées à l’IC de 4.000 euros, contre une augmentation de 1.000 euros en ville. Cet outil a donc un intérêt global médico-économique.

Il existe cependant deux principales difficultés liées à l’utilisation de ces outils : la première tient à “sa généralisation, qui semble difficile étant donné les chiffres de l’IC en France” a reconnu l’expert. La seconde tient à l’adhésion et l’observance de l’outil par les patients. Certains le refusent en bloc. D’autres l’acceptent mais en ont une observance insuffisante, sachant que l’étude a montré l’absence d’efficience de l’outil lorsqu’il est utilisé moins de 2/3 du temps. « Dans cette étude, nous n’avons pas réussi à identifier de facteurs prédictifs de d’observance à la télésurveillance. Nous posons donc l’hypothèse que cette attitude pourrait être considérée comme un signe de gravité de l’IC, même si les ressorts conduisant à cette non-adhésion peuvent être multiples (angoisse liée à la maladie, déni…)» a-t-il conclu.