SFRO 2022- État des lieux français de la radiothérapie pédiatrique

  • Caroline Guignot
  • Actualités Congrès
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La radiothérapie est utilisée dans environ 40% des 2.500 cas de cancers pédiatriques diagnostiqués chaque année en France, la moitié de ces traitements étant délivrée à des enfants de moins de 5 ans. Les irradiations sont conduites au sein de l’un des 15 centres français autorisés à avoir une activité de radiothérapie pédiatrique, sur la base des critères d’agréments imposés par l’Institut national du cancer (INCa).

La radiosensibilité varie avec l’âge et le taux de survie à 5 ans est compris entre 80 et 85% selon la catégorie d’âge à laquelle appartiennent les enfants. Les modalités d’irradiation sont variées et impliquent des doses pouvant aller des plus faibles (neuroblastome, maladie d’Ewing, carcinome indifférencié du nasopharynx). Aux doses pouvant aller à 50 ou 60 Gy pour les tumeurs cérébrales.

Les spécificités médicales liées à la radiothérapie chez l’enfant sont nombreuses. La première tient à l’épidémiologie. Les enfants souffrent rarement d’adénocarcinomes, plus volontiers de tumeurs cérébrales de tumeurs du blastème (neuroblastome, néphroblastome, hépatoblastome), de lymphomes et de leucémies. Par conséquent, la radiothérapie pédiatrique est le plus souvent utilisée en post-opératoire pour les tumeurs cérébrales, les neuroblastomes et les néphroblastomes, en préopératoire dans les sarcomes.

La seconde tient aux séquelles de l’irradiation, compliquées par la croissance de l’enfant. Chaque organe est à risque et impose donc une adaptation -chronophage- des modalités d’irradiation. Ainsi, la radiothérapie cérébrale doit être évitée durant les trois premières années de vie, et un traitement au niveau musculosquelettique évité lors des phases de croissance de ces tissus. Les risques associés aux organes de la reproduction ou aux organes lymphoïdes imposent aussi des contraintes de doses différentes. Enfin, les risques ultérieurs de défaillances d’organes et de cancérogenèse imposent un suivi à long terme des enfants, y compris après leurs 18 ans. Si des progrès ont été réalisés sur les modalités de traitement (modulation d’intensité, protonthérapie), des risques persistent encore trop souvent sur le plan de séquelles cérébrales ou cognitives, et de façon plus rare, au niveau de la croissance de la face ou des membres. Les troubles fonctionnels et neuro-intellectuels sont une conséquence extrêmement problématique pour le développement de l’enfant.

La troisième spécificité de la radiothérapie pédiatrique tient au parcours de l’enfant et de ses proches lors de sa prise en charge : il faut obtenir la compliance de l’enfant d’une manière générale, et plus spécifiquement pour la radiothérapie, traitement au cours duquel l’enfant se retrouve seul en salle d’irradiation et doit rester le plus immobile possible. Les services multiplient donc les outils, à travers des discussions, des jeux, des BD ou des brochures en amont, puis différents dispositifs au cours de la séance (lunettes de réalité virtuelle, rétroprojection d’un dessin animé au plafond de la tomothérapie…). L’anesthésie générale peut être nécessaire chez les plus petits.

La dernière spécificité de la radiothérapie pédiatrique tient à l’intensité de la recherche clinique, l’inclusion dans des essais thérapeutiques concernant environ 4 enfants sur 5 contre moins de 10% des adultes.

Outre l’amélioration des options thérapeutiques, la recherche est très active autour du suivi des enfants ayant eu un traitement de radiothérapie. La base de données PediaRT créée en 2013 collecte par exemple toutes les données d'irradiation reçue par des enfants et comporte aujourd’hui plus de 3.800 dosimétries complètes qui constituent une source précieuse pour mener des travaux rétrospectifs. Des études prospectives se penchent sur la toxicité à long terme des traitements des cancers pédiatriques. L'étude IMPALA vise notamment à évaluer la corrélation entre les doses de radiothérapie, la neurocognition et les données d’imagerie afin de comprendre l'impact structurel, vasculaire et métabolique, ainsi que l’impact de la radiothérapie sur l'apprentissage et la mémoire des enfants par rapport à ceux n’ayant pas été traités.