SFRO 2022 – Quels progrès dans le pronostic des cancers de l’œsophage ?

  • Caroline Guignot
  • Actualités Congrès
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Si son pronostic est toujours sombre, le cancer de l'œsophage a tout de même bénéficié de progrès thérapeutiques ces dernières décennies. Ceux-ci reposent principalement sur l’amélioration de la survie apportée par la chimioradiothérapie (RCT) préopératoire chez les patients opérables. Actuellement, deux stratégies sont utilisées pour la prise en charge des cancers invasifs opérables  : le protocole de RCT néoadjuvante CROSS d’une part, qui a comparé l’intérêt d’un traitement hebdomadaire par paclitaxelcarboplatine en association à la radiothérapie (41,4 Gy en 23 fractions), dans le traitement des adénocarcinomes et des carcinomes épidermoïdes de l'oesophage ; le protocole FLOT d’autre part, principalement efficace pour les adénocarcinomes, tant ceux de l’œsophage que ceux présents à la jonction œso-gastrique et qui repose sur l’utilisation d’une combinaison 5FU, leucovorine, oxaliplatine, docetaxel en association à la radiothérapie, avant chirurgie.

Différentes études visent à optimiser l’efficacité de la RCT : l’essai de phase II randomisé NeoScope a en ce sens comparé la radiothérapie (45 Gy) en association à la combinaison paclitaxel-carboplatine hebdomadaire ou une combinaison capécitabine-oxaliplatine. Il a mis en évidence la supériorité de la première sur la seconde, avec une survie globale à 3 ans et un taux de résection complète supérieurs (respectivement 74% vs 52% et 85,7% vs 72,2%), au prix d’un profil de toxicité acceptable.

L’association d’une thérapie ciblée a été également évaluée dans ce contexte clinique : l’ajout de trastuzumab à la RCT préopératoire (schéma CROSS) en cas d’adénocarcinome HER2 positif ne permet malheureusement pas d’améliorer la survie sans maladie par rapport à la CRT seule. En revanche, une immunothérapie anti-PD1 d’un an par nivolumab offre une évolution nette du pronostic, lorsqu’elle est associée au protocole CROSS, avec un doublement de la médiane de survie sans récidive versus le traitement de référence (22,4 vs 11 mois), confirmé quel que soit le statut PD-L1 de la tumeur ou son type histologique, la survie étant même triplée pour les seuls carcinomes épidermoïdes. Les données en survie globales sont attendues. Le profil de toxicité observé sous nivolumab était habituel, mais il faut noter un taux de toxicité de grade 3+ toutefois supérieur dans ce bras (13% vs 6%).

Face aux cancers localement avancés non opérables, différentes études ont été menées pour évaluer si une escalade de dose ou si une optimisation du protocole de chimiothérapie peuvent améliorer le pronostic de la maladie, mais aucune n’a pour l’instant permis de conclure en ce sens.