SFRO 2021- Radiothérapie : le challenge des toxicités à long terme

  • Caroline Guignot
  • Actualités Congrès
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Le congrès de la Société française de radiothérapie oncologique (SFRO), qui a eu lieu entre le 6 et le 8 octobre 2021 (Paris) a consacré l'une de ses sessions à la tolérance de la radiothérapie. Prédire la toxicité à long terme est un véritable challenge, sachant que de multiples facteurs relatifs au patient (âge, sexe, hygiène de vie, génétique...) et aux modalités de l’irradiation (dose, fractionnement, localisation…) interviennent. Des tests de radiosensibilité individuelle ont été développés afin de pouvoir aider à prédire cette toxicité tardive, reposant sur les analyses génomiques, protéomiques, les fibroblastes ou les lymphocytes. Ces modèles manquent de preuve pour être recommandés et utilisés aujourd’hui hors cadre de recherche, mais plusieurs pistes sont encourageantes.

La perspective du test d’apoptose lymphocytaire radioinduite

L’une des approches les plus prometteuses est celle des TALRi (taux d’apoptose lymphocytaire radioinduite), qui consiste en un test sérique simple à mettre en pratique (prélèvement puis irradiation après mise en culture) : de façon étonnante, ce sont les patients ayant un taux bas qui ont les toxicités tardives les plus sévères après radiothérapie (RT) normofractionnée. Ce résultat a été décrit dans différentes localisations tumorales (sein, ORL…) dans une étude monocentrique, puis dans des études multicentriques. Ainsi, un TALRi faible est associé au risque de fibrose et de télangiectasie tardive dans les cancers du sein après plus de 10 ans de suivi post-RT, ainsi qu’aux toxicités pelviennes et/ou digestive à 5 ans dans le cancer de la prostate. Les premières données à 2 ans de l’étude européenne REQUITE qui regroupe de nombreux patients et différentes localisations tumorales confirment cette corrélation. Il semble que ces observations sont retrouvées dans les irradiations hypofractionnées. Par ailleurs, la valeur prédictive du TALRi a été récemment décrite dans le sarcome. Ces résultats sont intéressants lorsqu’on sait par ailleurs que le score TALRi a été décrit dans d’autres travaux comme étant associé au risque de récidive.

Quelle attitude ?

Prédire la toxicité de la radiothérapie permet d’envisager de potentielles alternatives : si un modèle prédit une toxicité forte alors que la probabilité de contrôle tumoral est élevée, la réflexion sur l’adaptation de la prise en charge ne sera pas la même que si ce modèle prédit une toxicité élevée dans un contexte où le contrôle tumoral attendu est faible.

L’une des complications les plus redoutées et les plus complexes à anticiper est celle des cancers secondaires survenant dans le territoire irradié, et qui concernent 5 pour 1.000 patients après 15 ans de suivi, toutes tumeurs confondues. Les études permettant d’identifier des facteurs prédictifs de ces cancers secondaires sont peu nombreuses. On peut toutefois citer une étude biomathématique conduite par des chercheurs de l’AP-HP : elle a montré après analyse génomique (variants synonymes-introniques déterminés par NGS) de patients atteints de cancers que deux groupes d’une vingtaine de gènes, lorsqu’ils sont présents, favoriseraient le développement de tumeurs secondaires ; et, de façon intéressante, aucun de ces groupes ne comporte de variants touchant un gène impliqué dans la réparation de l’ADN.