SFRO 2021 - Quand la radiothérapie locale engendre une réponse systémique

  • Caroline Guignot
  • Actualités Congrès
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L’effet abscopal (du latin ab scopus, à distance de la cible) est le fait d’avoir une réponse systémique après une irradiation locale. Rare, il permet d’obtenir des résultats significatifs chez certains sujets au stade métastatique. Depuis 2011, et l’arrivée de l’immmunothérapie, les études et les données dédiées sont plus nombreuses. Céline Mirjolet (centre Georges-François Leclerc, Dijon) a présenté le principe dans le cadre du congrès de la SFRO 2021, qui s’est tenu à Paris du 6 au 8 octobre 2021.

 

Une irradiation peut conduire à une mort cellulaire immunogène : les débris cellulaires et plus particulièrement les antigènes tumoraux vont permettre à des cellules présentatrices d’antigènes comme les cellules dendritiques de favoriser une réponse immunitaire (T CD8+) dans les ganglions. Ces cellules vont reconnaître les antigènes et pouvoir assurer une activité cytotoxique une fois passées au niveau systémique, favorisant à la fois une action sur le site de la tumeur primaire mais aussi à distance. Cependant, il faut souligner que la radiothérapie a aussi un effet immunosuppressif. Il existe donc un courant de recherche visant à faire basculer l’équilibre entre ces effets -immunosuppresseur et immunogène- du côté de ce dernier. Pour cela, deux modalités : une association à l’immunothérapie ou des modalités adaptées de radiothérapie.

Une recherche active pour établir les paramètres les plus efficients

À partir de certains niveaux de dose spécifiques, la radiothérapie peut favoriser l’effet abscopal en activant une endonucléase Trex1 ; celle-ci va conduire à activer la voie de l’IFN type 1 (via cGAS-TING), indispensable à la réponse immunogène. Cela suggère donc plutôt l’utilisation de schémas normofractionnés en association avec des immunothérapies afin de favoriser l’effet absocopal, mais les données ne sont pas encore matures sur le sujet.

Par ailleurs, élargir la zone d’irradiation aux chaînes ganglionnaires peut conduire à une lymphopénie et à une diminution du bénéfice de la radiothérapie. Dans ces situations toutefois, la radiothérapie élargie aux ganglions mais associée à certaines immunothérapies (anti-PD1/PD-L1) a été décrite comme pouvant rétablir son efficacité.

Concernant la cible irradiée, on suppose qu’elle doit avoir une taille seuil pour que son irradiation induise une activation lymphocytaire suffisante. De plus, en situation métastatique, ou même oligométastatique (impliquant plusieurs localisations secondaires), choisir plusieurs zones d’irradiation pourrait favoriser l’effet abscopal en permettant la libération d’antigènes tumoraux spécifiques aux différentes localisations. La réponse immunitaire serait alors plus large et donc l’effet abscopal plus intense. Enfin, le délai entre les deux traitements est à optimiser afin que les lymphocytes T activés puissent intervenir efficacement.

La recherche doit donc se poursuivre pour faire bénéficier de cette efficacité aux plus grand nombre de patients métastatiques. L’effet abscopal peut en tous les cas constituer un élément complémentaire à l’efficacité des schémas combinant radiothérapie et immunothérapie.