SFRO 2021 – La protonthérapie, une technique prometteuse encore discrète en France

  • Caroline Guignot
  • Actualités Congrès
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

La protonthérapie est une modalité de radiothérapie disponible en France depuis 1991. Du fait de l'ampleur et du coût des installations, elle reste cantonnée à trois centres en France. Cette modalité d'irradiation présente pourtant des spécificités et des avantages qui pourraient être exploités pour un plus large public. Une session a été dédiée à ce sujet dans le cadre du congrès de la SFRO, qui s’est tenu du 6 au 8 octobre 2021 à Paris.

De quoi parle-t-on ?

La protonthérapie est une technique de radiothérapie basée sur les protons. Elle se distingue des techniques classiques par la façon dont l'énergie des rayons est transmise : l’énergie libérée par les photons X ou les électrons est maximale au point d'entrée dans l'organisme, puis diminue progressivement à mesure qu’ils traversent les tissus. Cela engendre des dommages sur les tissus sains traversés. Les protons, à l'inverse,  se dispersent peu le long de leur trajectoire mais concentrent la libération de leur énergie sur une profondeur étroite et variable selon leur énergie initiale. Ce pic d’énergie, appelé pic de Bragg permet de réduire les dommages causés aux régions adjacentes et, ce faisant de pouvoir augmenter si nécessaire la dose totale délivrée sans accroître les effets secondaires. Il est possible de moduler ce pic pour cibler une fenêtre de profondeur un peu plus large, et permettre une répartition plus uniforme de la dose sur quelques millimètres. Elle est donc particulièrement indiquée dans les tumeurs d’approches complexes et chez les enfants et les patients jeunes. L’indication de cette approche est cadrée par la Haute autorité de santé et l’INCa.

La protonthérapie en France

Parce que les infrastructures et les investissements sont très lourds (plusieurs milliers de mètres carrés, plusieurs dizaines de millions d'euros), seules 3 installations existent en France : à Orsay et Nice depuis 1991 et à Caen depuis 2018. On compte environ 80 appareillages de ce type dans le monde.

Étant donné l’inégale répartition de l’offre sur le territoire, une plateforme a été mise sur pied par la SFRO en 2019. Nommée Protonshare, elle vise non seulement à faciliter l'adressage des patients éligibles à la protonthérapie mais aussi à répertorier tous les cas traités. Cette exhaustivité doit aboutir à un tableau statistique fidèle de la pratique en France. Elle doit enfin faciliter la communication entre les centres et les adresseurs.

Protonshare : bilan à un an

L'utilisation de la plateforme progresse encore lentement. Pour autant, sur les données recueillies durant l'année écoulée, il est possible de dresser un certain nombre de constats :

- En premier lieu, l'activité des centres augmente. En 2019, le nombre de patients traités avoisine les 1.200 contre moins de 700 en 2013. Le nombre de séances correspondantes est d’environ 10.000. Les séances pédiatriques représentent environ 20% de l'activité et les enfants 14% des patients.

- Chez les adultes, ce sont d'autres pathologies que celles des référentiels de la HAS, qui sont principalement traitées, du fait de leur incidence respective. Les cancers de la tête et du cou et les méningiomes sont les plus nombreux à avoir bénéficié de la protonthérapie. Chez les enfants, ce sont surtout des médulloblastomes qui en bénéficient.

- il faut savoir que la plupart des adressages faits via la plate-forme ont connu un refus principalement parce qu’il s'agissait d'indications non valides par rapport à la technologie, ou parce que les patients refusaient de se déplacer.

- Au final, l'analyse des données nationales via cette plate-forme montre que le recrutement lié à la protonthérapie est encore majoritairement géographique. L'objectif de la rendre accessible à tous les patients français qui peuvent en bénéficier doit être poursuivi.