SFR 2021 - Spondyloarthrite axiale : peut-on espacer les injections des anti-TNF ?

  • Caroline Guignot
  • Actualités Congrès
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Selon l’étude française SPACING, qui a été présentée au cours du congrès de la Société Française de Rhumatologie 2021 (Paris, 12-14 décembre 2021), il est possible, sous couvert d’un monitoring étroit, de réduire la fréquence des injections d’anti-TNF chez des patients ayant une spondyloarthrite axiale de faible activité ((BASDAI<4) sous traitement depuis au moins 6 mois. Une valeur BASDAI>1,4 à l’inclusion semble être le principal facteur de risque de rechute en cas de décroissance du traitement.

Réduire la charge liée aux injections

Les traitements anti-TNF ont une efficacité démontrée sur les symptômes et la qualité de vie dans la spondyloarthrite axiale échappant aux AINS. Cependant, leur bénéfice sur le plan de l’évolution de la maladie reste discuté. Aussi, chez les patients bien contrôlés, réduire la fréquence des administrations pourrait réduire les risques infectieux, les coûts sociétaux et économiques liés à ces administrations, à condition que l’activité de la maladie ne soit pas modifiée.

Pour évaluer la faisabilité de cet espacement des doses, l’étude SPACING randomisée prospective et multicentrique (23 centres) de non-infériorité a été bâtie, grâce à un financement national PHRC. Elle a inclus 398 patients sous anti-TNF et bien contrôlés (BASDAI<4/10 depuis au moins 6 mois), avec des données analysables pour 389 d’entre eux. La cohorte a été randomisée entre un groupe contrôle pour lequel le protocole de traitement restait inchangé, et un groupe expérimental pour lequel un protocole standardisé d’espacement des injections d’anti-TNF selon l’état clinique du patient et l’activité ressentie par le patient était mis en place. Pour ce dernier, un suivi était réalisé tous les 3 mois et permettait selon l’activité, accroître l’espacement, rester à l’espacement en cours ou revenir au palier antérieur en cas de reprise d’activité.

La cohorte avait un âge moyen de 44 ans, avec 71% d’hommes et un BASDAI moyen de 1,45. In fine, le nombre de patients ayant eu une activité inchangée de leur maladie à 12 mois était de 91,5% dans le groupe contrôle contre 88,0% dans le groupe expérimental, soit une différence estimée à -4,2%, signant la non-infériorité de l’espacement. De plus, dans ce dernier groupe, ils étaient 82,7% à recevoir des injections moins fréquemment à l’issue des 12 mois, signant la faisabilité de l’espacement.

Les patients qui avaient une rechute (BASDAI ≥4) définitive ou transitoire (retour à un BASDAI <4 après suivi du protocole) étaient respectivement 12% et 20,1% dans le bras expérimental. Les rechutes définitives survenaient surtout au 6e mois de suivi. L’analyse des facteurs prédictifs a montré que le fait d’avoir un BASDAI initial >1,4 majorait le risque de rechute définitive (OR 4 ,44 [1,50–13,1], p=0,007). De plus, ce facteur était aussi associé à un risque de rechute définitive ou transitoire (OR 2,77 [1,30–5,89], p= 0,008). Les antécédents cardio-vasculaires accroissaient ce risque (OR 2,49 [1,09–5,66], p=0,029). À l’inverse, les chercheurs ont observé que la positivité HLAB27 était associée à une diminution du risque (OR 0,37 [0,15–0,90], p=0,029).

Ainsi, l’étude SPACING confirme que la décroissance progressive du traitement anti-TNF peut être envisagée pour une majorité des patients souffrant de spondyloarthrite axiale bien contrôlée, dès lors que le suivi est rigoureusement réalisé de façon trimestrielle et que le protocole est correctement suivi