SFR 2021- l’activité physique doit être proposée dans les pathologies rhumatologiques inflammatoires ou non

  • Caroline Guignot
  • Actualités Congrès
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

L’activité physique correspond à au moins 150 minutes d’exercices par semaine. supervisée ou non, adaptée à l’âge et recourant à la fois à des activités d’endurance, de résistance et de souplesse. La littérature montre aujourd’hui clairement que l’activité physique est intéressante dans les pathologies rhumatologiques inflammatoires ou non. Une session du congrès de la Société Française de Rhumatologie (12-14 décembre 2021, Paris) y a été dédiée.

Preuves dans les pathologies non inflammatoires

Plusieurs revues et méta-analyses permettent d’affirmer le bénéfice de l’activité physique dans les différentes pathologies :

- Une approche combinant des exercices visant à augmenter la force, la souplesse et la capacité aérobique est efficace dans l’arthrose des membres inférieurs [Uthman, 2013]. Dans la gonarthrose, un nombre de séances supérieur à 10 offre des effets antalgiques similaires au paracétamol [Juhl 2014].

- Dans la fibromyalgie, de nombreuses études ont montré que le Tai-chi agit sur la douleur et le seuil de douleur. De plus, les exercices pratiqués en milieu aquatique en balnéothérapie sont supérieurs au médicament dans la fibromyalgie [Perrot 2014]. Des effets additionnels sont rapportés concernant la sensibilité à la douleur, ainsi que sur l’anxiété, la dépression et la fatigue [Busch 2011]. La fréquence des séances semble plus importante que leur durée.

- Dans la lombalgie, une revue Cochrane récente conclut que l’exercice est probablement efficace dans la lombalgie chronique par rapport à l’absence de traitement, soins habituels ou placebo et qu’il est plus efficace que les simples conseils d’éducation. Par ailleurs, les exercices physiques semblent plus efficaces lorsqu’ils sont supervisés, que ce soit sur la douleur ou la fonction. Ici, la durée de la séance semble plus importante que leur fréquence.

Pathologies inflammatoires : un cercle vertueux anti-inflammatoire

Toutes les douleurs n’étant pas contrôlées par les antalgiques et anti-inflammatoires, l’exercice physique peut apporter un bénéfice pour les patients présentant des rhumatismes inflammatoires chroniques (RIC). Les recommandations de l’EULAR insistent sur l’utilité de l’exercice à la fois cardiorespiratoire (fitness), de renforcement (résistance musculaire), de flexibilité ou mobilité articulaire et de propioception dans les RIC.

Plusieurs mécanismes se complètent, à la fois antalgique (endorphines), anti-inflammatoire et comportemental (lutte contre la kinésiophobie). Parmi eux, ont peut évoquer notamment son bénéfice sur le plan cardiovasculaire et cardiorespiratoire qui engendre une amélioration de certains paramètres biologiques qui eux-mêmes ont un impact sur la douleur et la fatigue associées. Sur le plan biologique, on peut aussi souligner que l’effet anti-inflammatoire de l’exercice physique semble notamment reposer sur l’IL-6. Alors que dans l’inflammation de bas grade, le TNF favorise la production d’IL-6 et d’IL-1 par les cellules adipeuses et les cellules mononucléées, suivie d’une cascade pro-inflammatoire, l’exercice physique provoque une production directe d’IL-6 par les cellules musculaires qui, à l’inverse, engendre un mécanisme anti-inflammatoire. Cette interleukine pourrait assurer au niveau musculaire un rétrocontrôle inhibiteur du TNF associé à la production de cytokines anti-inflammatoires [Starkie 2003, Steenberg 2003].

Parmi les preuves cliniques disponibles, des données suggèrent des améliorations modestes mais probables des scores d’activité des différentes pathologies RIC lorsque l’exercice physique supervisé était pratiqué régulièrement. L’effet défatiguant d’une activité complète (associant résistance, fitness...) est plus clairement démontré dans les différents RIC, dont la PR [Kelley 2018] ou le rhumatisme psoriasique [Thomson 2018].

Afin de favoriser l’adhésion des patients à la pratique de l’exercice physique, il est important de leur préciser qu’une activité physique initialement supervisée pour qu’elle leur soit adaptée permet d’améliorer la douleur, en dehors des poussées où l’exercice doit être plus réduit, sans risque d’effets délétères. Les bénéfices en termes de fatigue et cardiorespiratoire doivent aussi être soulignés.