SFR 2021 - Anti-IL17 : quelle tolérance et quels risques en vraie vie ?
- Caroline Guignot
- Actualités Congrès
Avec l’arrivée des nouvelles molécules ciblant l’axe IL-23/IL-17, la prise en charge de la spondyloarthrite axiale (SpA) ayant une réponse inadéquate aux AINS et du rhumatisme psoriasique ont évolué. Le recul concernant les anticorps anti-IL17 (ixékizumab, sécukinumab) est encore insuffisant en pratique clinique, d’où l’intérêt des études non interventionnelles conduites auprès de patients français et présentées dans le cadre du congrès de la Société Française de Rhumatologie 2021 (Paris, 12-14 décembre 2021).
Données rassurantes sur les risques de maladie inflammatoire chronique des intestins associées
Le psoriasis, le rhumatisme psoriasique et la spondylarthrite ankylosante sont associés à un sur-risque de MICI, cette relation étant bidirectionnelle. Par ailleurs, les essais cliniques ont montré que les anti-IL 17 pouvaient aggraver une MICI pré-existante, ou favoriser son apparition chez des patients souffrant de l’une de ces maladies rhumatologiques inflammatoires. Aussi, il était intéressant d’évaluer si ce risque était retrouvé en pratique clinique de routine.
Une étude a comparé une cohorte exposée à une cohorte non exposée entre 2016 et 2019, à partir des données du Système national des données de santé (SNDS). Tous les patients qui avaient initié un anti-IL-17 ont été comparés à des patients comparables en termes de maladie et de sévérité sous-jacente, et traités par des molécules sans propriétés contre les MICI, soit l’aprémilast (bien que non indiqué dans la spondylarthrite ankylosante) et l’étanercept.
Au total, sur les 47.643 patients, l’étude a identifié 16.793 nouveaux utilisateurs d’anti-IL17, 20.556 nouveaux utilisateurs d’aprémilast et 10.294 nouveaux utilisateurs d’étanercept. Ceux sous-anti-IL17 avaient un peu plus de comorbidités et étaient plus souvent d’anciens utilisateurs de biomédicaments.
Au total, 72 (0,43%), 11 (0,05%) et 49 (0,48%) utilisateurs d’anti-IL17, d’aprémilast et d’étanercept ont développé une MICI durant le suivi, la majorité étant apparue dans les 6 mois suivant l’initiation médicamenteuse. Cela représentait respectivement 4 cas, moins d’un cas et 3 cas pour 1.000 patients-années dans chacun de ces groupes. Après ajustement par pondération, le risque de survenue de MICI était significativement plus élevé sous anti-IL17 vs aprémilast (HR 3,8 [2?1-6?8]) mais cette différence n’était pas observée vs étanercept (0,8 [0,5-1,2]). « Ceci peut s’expliquer par la sévérité de la maladie sous-jacente, car les caractéristiques des patients à l’inclusion étaient beaucoup plus proches dans les deux groupes anti-IL17 et étanercept, a expliqué Laetitia Penso (université Paris-Est Créteil), avec une sévérité de la pathologie inflammatoire qui était moindre chez ceux sous aprémilast ». Cette étude a les limites d’une étude rétrospective observationnelle à partir d’une base de données dans laquelle seules les informations concernant les délivrances (et non les prises effectives) étaient disponibles. Ces résultats mériteraient donc d’être confirmés par d’autres études prospectives à large échelle.
Persistance des anti-IL17 en routine clinique
Deux autres études ont été présentées relatives au maintien des anti-IL17 dans la prise en charge des pathologies rhumatologiques inflammatoires. La première concerne la spondyloarthrite axiale et a été présentée par Thierry Délépine (CHRU Lille) : il s’agit d’une étude rétrospective et multicentrique, qui a consisté à évaluer la persistance et donc la satisfaction vis-à-vis de ces molécules, ainsi que les anti-TNF chez des patients atteints de SpA et ayant initié l’un ou l’autre de ces traitements entre 2016 et 2019. Parmi les 279 patients inclus (dont 178 par anti-TNF et 101 par sécukinumab), 45,9% ayant interrompu leur traitement durant le suivi, 77 paires de patients comparables ont été formées, sachant que ceux sous anti-IL17 étaient plus susceptibles d’avoir déjà été traités par plusieurs biothérapie et présentaient plus souvent des dactylites que les autres. Il n’y avait aucune différence une fois l’appariement réalisé concernant la persistance de l’un ou l’autre des traitements, y compris dans les analyses en sous-groupes. Par ailleurs, les taux d’effets secondaires conduisant à un arrêt de traitement étaient comparables.
La seconde étude (SERENA) menée à l’échelle européenne a inclus près de 1.000 patients atteints de spondylarthrite ankylosante ou de rhumatisme psoriasique qui étaient traités par sécukinumab (97% des premiers recevaient 150mg, 79% des seconds recevaient 300mg), la plupart ayant déjà été traités par un biomédicament. Le taux de maintien du traitement à 1 an était de 85,8% et 85,2%, respectivement dans la SpA et la RP, et il était de 74,9% et 78,9% à 2 ans. Au cours du suivi, 10% et 7 ,5% ont nécessité une modification posologique. Par ailleurs, l’interruption du traitement a été nécessaire pour 31 et 42 patients RP et SpA, après une médiane de 125,0 et 118,0 jours ; ces arrêts étaient essentiellement liés à des effets indésirables (58.1% et 45.2% respectivement). Le profil de sécurité observé était celui attendu.
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