SFE 2021 – Les complications endocriniennes sous lithium

  • Caroline Guignot
  • Actualités Congrès
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Le lithium est un cation similaire au sodium et au potassium qui est indiqué dans la prise en charge des troubles bipolaires, dépressifs ou schizoïdes. Au cours d'un atelier conduit dans le cadre du congrès de la Société Française d'Endocrinologie (13-16 octobre 2021, Le Havre), les principales complications liées au traitement ont été évoqués.
Outre les effets secondaires les plus fréquents (diarrhées, tremblements, prise de poids), l’une des principales complications qui lui sont associées est le syndrome de neurotoxicité irréversible au lithium (SILENT) qui survient le plus souvent durant un traitement chronique (pas forcément du fait d’un surdosage). Dans un cas sur deux ces manifestations graves sont liées à un évènement intercurrent (infection, fièvre).

Il peut aussi conduire à des complications thyroïdiennes ou rénales. Les complications rénales incluent un risque d’insuffisance rénale et de diabète insipide néphrogénique (DIN). Aussi, un syndrome poly-uropolydipsique doit faire évoquer un diabète insipide chez un sujet traité par lithium, si le bilan glycémique, hydroélectrolytique et médicamenteux ne suggère pas d’autres causes. On recherche dans ce cas si le diabète insipide est central ou néphrogénique (à risque de déshydratation et hypernatrémie) du fait d’une résistance rénale à l'ADH. Face à un DIN, l’arrêt du lithium doit être discuté, et pris en charge par un traitement adapté.

Le lithium peut conduire à plusieurs perturbations phosphocalciques : une hypercalcémie chronique ou aiguë, et qui peut être accompagnée d'une hyperparathyroïdie. De plus, il peut conduire à une hypercalcémie-hypocalciurie chronique, même après des années de traitement; elle serait retrouvée chez 3 à 30% des sujets traités, selon les séries. Une série de 300 patients sous lithium a montré que 60% des patients étaient normocalcémiques, mais que 34% étaient hypercalcémiques et les autres avaient présentés de multiples épisodes intermittents d’hypocalcémie.

Concernant les complications thyroïdiennes, notamment chez les femmes, il existe sous lithium un risque de goitre, avec une prévalence multipliée par 4 chez celles qui sont traitées : le mécanisme passerait par le dépôt de lithium au niveau de la thyroïde où il inhiberait la sécrétion hormonale et stimulerait la prolifération des follicules. Il existe aussi un risque d’hypothyroïdie (8-20% de sur-risque notamment en cas d’auto-immunité). Cette complication est réversible dans un nombre non négligeable de cas. Ainsi, l’arrêt du lithium devrait être tenté en sachant que si l’hypothyroïdie survient, elle est précoce. Beaucoup plus rarement (5%), une hyperthyroïdie peut apparaître et déclencher ou mimer un accès maniaque.

Afin de prévenir ces différentes complications, plusieurs conduites à tenir sont établies :

  • réaliser un bilan préalable, avec test de grossesse, contrôle sanguin et éventuellement un ECG,

  • établir un schéma de prise, avec prescription de la dose minimale efficace, limiter les traitements chroniques en envisageant des alternatives thérapeutiques, pas de double prise en cas d’oubli,

  • inciter à avoir une hydratation suffisante, limiter la consommation d’alcool,

  • éviter les interactions médicamenteuses (AINS, diuértiques, IEC…).

  • mettre en place une surveillance clinique et biologique régulière avec TSH, calcémie, ionogramme, créatinine..., et en particulier en cas d’infection ou de fièvre.