SFD 2023 - ENTRED 3 : nouvelles données sur les populations diabétiques françaises

  • Agnès Lara
  • Actualités Congrès
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À retenir

  • ENTRED reste une source d’information essentielle pour la connaissance sur le diabète en France.
  • L’édition ENTRED 3 confirme un profil démographique et socio-économique différent entre diabétiques de type 1 (observés uniquement en métropole), et diabétiques de type 2.
  • Grâce à un suréchantillonnage des résidents d’Outre-mer, cette troisième édition apporte des précisions sur le diabète de type 2 en Guadeloupe, Martinique, Guyane et à la Réunion et fait apparaître une structure démographique différente par rapport à la métropole.
  • Les analyses vont se poursuivre sur tout un ensemble de paramètres de façon à identifier des leviers d’actions visant à réduire les inégalités sociales et territoriales qui perdurent encore dans les territoires français.

 

Après ENTRED initiée en 2001 et ENTRED 2 en 2007, ENTRED 3 est la 3e étude lancée en 2019 dans la continuité des deux précédentes par Santé Publique France, en partenariat avec l’Assurance Maladie, l’ANSM et la HAS. Les objectifs de cette troisième édition étaient en premier lieu de décrire les caractéristiques des personnes diabétiques, l’état de santé, la qualité de vie et le recours aux soins en France métropolitaine et dans les territoires d’Outre-mer (TOM). Il s’agissait bien sûr aussi d’analyser les évolutions par rapport aux éditions précédentes. Sophie Fosse-Edorh, coordinatrice de surveillance du diabète pour Santé Publique France en a rapporté les principaux résultats au congrès de la SFD 2023.

Une méthodologie dans la lignée des deux précédentes éditions

Comme dans les éditions antérieures, un échantillon représentatif de la population de diabétiques française a été tiré au sort à partir des bases de données de l’Assurance Maladie, 13.000 dans cette édition. Ces personnes ont reçu un auto-questionnaire et un questionnaire médical complémentaire a été remis au médecin des répondants. Les données de ces questionnaires ont été complétées par les données du Système National des Données de Santé (SNDS) sur 20 ans, 10 ans précédant le tirage au sort puis durant les 10 années suivantes, en extrayant les données d’hospitalisation, de consommation de soin et de mortalité. Un peu plus de 5.500 personnes ont répondu par questionnaire, 3.166 en métropole et 2.352 en Outre-mer. Les résidents d’Outre-mer et les diabétiques de type 1 en métropole (moins de 45 ans traités par insuline) étaient suréchantillonnés de façon à avoir des effectifs suffisants pour repérer les spécificités de ces sous-populations.

Les diabétiques de type 1 en métropole

Les résultats d’ENTRED 3 confirment un profil démographique et socio-économique différent de celui des diabétiques de type 2. Les diabétiques de type 1 sont majoritairement des hommes (57%), des personnes plus jeunes (âge médian de 46 ans à l’inclusion versus 67,6 ans chez les DT2), mais avec un diabète plus ancien (>20 ans pour plus de la moitié des personnes). Certains facteurs de risque sont plus fréquents dans cette population (vs population générale), notamment le surpoids et l’obésité présents chez 50% des diabétiques de type 1 et le tabagisme chez 25% d’entre eux. Les complications macrovasculaires sont moins fréquentes que chez les diabétiques de type 2 en métropole (12% vs 19% pour les complications coronariennes, 3% vs 8% pour les AVC), alors que la fréquence des complications microvasculaires reste relativement élevée (34% pour les rétinopathies, 13% pour les maux perforants).

Diabétiques de type 2 : des caractéristiques différentes en métropole et en Outre-mer

En métropole, les diabétiques de type 2 sont majoritairement des hommes (55%), alors que leur proportion est moindre en Outre-mer (41 à 46%). L’âge médian est autour de 67 ans en métropole et aux Antilles, plus jeune en Guyane (60,7 ans) et à la Réunion (62,5 ans). Le niveau socio-économique est plus défavorisé dans les TOM qu’en métropole. Comme on le sait, le niveau d’étude est globalement moins élevé chez les diabétiques de type 2 que chez les diabétiques de type 1, mais cette différence est encore plus marquée dans les territoires d’Outre-mer, en particulier en Guyane et à la Réunion.

Concernant la prise en charge, la proportion de diabétiques de type 2 sous insuline est plus importante dans les TOM (de 28% à la Réunion, à 37% en Guyane) qu’en métropole (23%).

Les complications micro- et macrovasculaires sont plus fréquentes à la Réunion et les complications microvasculaires plus fréquentes en Martinique. Cela témoigne de spécificités propres à chacun de ces territoires dont les évolutions devront être surveillées à l’avenir. 

Quelle évolution depuis ENTRED 2 ?

Par rapport à l’édition de 2007, on observe un vieillissement de la population des diabétiques de type 2 en métropole, avec âge moyen supérieur de 1,8 ans dans ENTRED 3, et une ancienneté médiane du diabète supérieure de 2 ans. Ceci peut être mis en lien avec une augmentation de l’espérance de vie et une tendance à la baisse de l’incidence du DT2 que l’on observe dans d’autres études.

Le niveau de certains facteurs de risque reste très élevé dans cette population comme le surpoids et de l’obésité qui concernent 80% des diabétiques, le tabagisme (13%) et une HbA1c supérieure à 8% (17%).

En revanche, les complications auto-déclarées sont à la baisse : -2,4% pour les complications coronariennes et -3,4% pour les complications podologiques.

Ces résultats nécessitent encore d’être confirmés par des études ultérieures en intégrant les évolutions temporelles depuis 2001, et en tenant compte des différences de structure démographique, en particulier du vieillissement de la population.