SFD 2021 : Femmes et hommes ne sont pas égaux face au diabète
- Marine Cygler
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- Nathalie Barrès
- Actualités Congrès
Virtuel – Les hommes et les femmes ne sont pas égaux face au diabète de type 2. Prendre en compte le sexe permettrait certainement d'améliorer la prévention et la prise en charge des patients. Le congrès de la Société francophone du diabète (SFD) a été l'occasion d'aborder cette question du genre et du sexe, le Pr Pierre Gourdy (endocrinologue, CHU Toulouse) a détaillé les mécanismes en jeu et le rôle prépondérant des hormones sexuelles [1].
Diverses études épidémiologiques mettent en évidence de façon claire la prédominance masculine dans le diabète. Selon les chiffres de l’équipe du Dr Sonsoles Fuentes (épidémiologiste, Santé Publique France), la prévalence du diabète au-delà de 45 ans est d'environ 12 % chez les hommes, contre 8 % chez les femmes.
Une question de sexe et de genre
Comment expliquer les différences entre hommes et femmes vis-à-vis du risque de développer du diabète de type 2 ? Il faut envisager à la fois le sexe et le genre. Le Pr Gourdy rappelle que « l'influence du sexe se réfère à l'ensemble des éléments biologiques parmi lesquels on trouve les chromosomes sexuels et les hormones sexuelles, qui jouent un rôle tout particulier dans le métabolismes du glucide ». Le sexe a une influence sur la composition corporelle, la répartition de la masse grasse et de la masse maigre, en particulier musculaire.
Le genre, lui, se réfère aux aspects sociétaux et comportementaux qui forgent l'identité, féminine ou masculine. Il y a donc des comportements assignés à un genre qui peuvent influencer la survenue d'une maladie. Par exemple, la consommation d'alcool : l'exposition à ce facteur de risque est différente si l'on est une femme ou un homme car boire de l'alcool n'est pas perçu de la même manière selon le genre. De même, les standards pondéraux varient selon les cultures et selon le genre.
Une balance énergétique en faveur des femmes avant la ménopause
Si hommes et femmes ne sont pas égaux face au risque de développer un diabète de type 2, cela dépend en grande partie de la balance énergétique[2]. De fait, le sexe a une influence sur la régulation et le maintien de l'homéostasie glucidique. « Oestrogènes et androgènes sont des acteurs reconnus de l'homéostasie glucidique qui elle-même influence la sensibilité à l'insuline et l'insulinosecrétion », indique Pierre Gourdy. Avant de poursuivre « chez les deux sexes, la balance entre les deux hormones stéroïdes sexuelles est importante pour le maintien de cette homéostasie ».
Des différences sont, par ailleurs, constatées en matière de risque de complications. Si l’on sait que le diabète augmente le risque de présenter un événement cardiovasculaire (infarctus du myocarde ou accident vasculaire cérébral) dans les deux sexes, cet impact est plus marqué chez les femmes (risque multiplié par 3) que chez les hommes (multiplication par 2)[3].
Le problème de la carence oestrogénique
Quels sont les effets des oestrogènes, les hormones sexuelles prédominantes chez les femmes ? La carence oestrogénique, qui survient à partir de la ménopause, est favorable à l'apparition du diabète de type 2. « Le déficit en oestrogènes conduit aux traits physiopathologiques du diabète de type deux avec le surpoids et l'adiposité viscérale. Il favorise aussi l'insulinorésistance et l'installation d'une inflammation à bas grade », explique l'endocrinologue. Les oestrogènes ont également une action sur le pancréas endocrine si bien qu'en situation de carence oestrogénique les capacités de sécrétion d'insuline sont altérées.
Si la carence oestrogénique liée à la ménopause engendre un surrisque de diabète, la mise en place d'un traitement hormonal de la ménopause (THM) permet de diminuer l'incidence du diabète de type 2[4].
« Chez les femmes à risque de diabète de type 2, il me semble intéressant d'accompagner l'entrée dans la phase ménopausique au moins quelques années pour éviter des modifications trop brutales et délétères sur le plan métabolique, en particulier le remodelage de la composition corporelle et l'adiposité », considère Pierre Gourdy qui imagine que le THM pourrait connaître un regain d'intérêt avec l'arrivée attendue de nouveaux modes d'administration. Il conseille une administration transcutanée avec une vigilance indispensable sur le risque CV.
Un traitement hormonal pour homme ?
Chez l'homme, une carence en androgènes est aussi favorable à la survenue d'un diabète de type 2. Un déficit modéré en androgène favorise le remodelage de la composition corporelle avec l'augmentation de l'adiposité, l'installation d'une insulinorésistance et une moindre capacité de secrétion d'insuline.
« On constate en effet un impact très favorable sur le métabolisme glucidique chez ces patients à risque », commente le Pr Gourdy.
En conclusion, l’orateur a souligné que « mieux connaitre ces différences liées au sexe permet certainement de voir de manière différente les approches de prévention ou de prise en charge du diabète chez les hommes et les femmes. C’est un premier pas vers l’individualisation de nos pratiques ».
Cet article a initialement été publié sur le site Medscape.
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