SFD 2019 - Pourquoi et comment inciter les diabétiques à arrêter de fumer ?

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Congrès
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Le dernier volet de ce symposium sur tabac et diabète a abordé les raisons spécifiques des difficultés liées au sevrage tabagique chez les diabétiques et les techniques pour les accompagner dans ce challenge.

À retenir 

  • Les patients diabétiques parviendraient plus difficilement à arrêter de fumer que les non diabétiques. C’est une question non seulement de motivation, mais également de réponse plus complexe à la dépendance biologique et de moindre efficacité des traitements d’aide au sevrage chez ces sujets. 
  • Il existe une association très forte entre diabète, tabac et dépression rendant l’arrêt du tabac plus complexe chez ces patients, nécessitant bien souvent plus de tentatives de sevrage que chez les non-diabétiques.
  • Ces patients sont moins enclins à s’engager naturellement dans un sevrage car ils sont insuffisamment informés des risques liés au tabagisme et des bénéfices de l’arrêt de celui-ci. 
  • En termes de priorité, l’arrêt du tabac vient souvent après le contrôle glycémique, l’alimentation et l’activité physique pour les sujets diabétiques. Et le risque de prise de poids à l’arrêt du tabac freine malheureusement de nombreux patients à s’y engager.
  • Les professionnels de santé quant à eux, sensibiliseraient insuffisamment les diabétiques à arrêter de fumer. Or, au vu des risques associés, c’est un point essentiel de la prise en charge globale de ces patients. Mais bien souvent les médecins se sentent insuffisamment formés pour initier un sevrage.
  • Les données d’efficacité des prises en charge d’aide au sevrage montrent des résultats plutôt faibles : la probabilité d’arrêter de fumer serait de 4% lorsqu’elle est réalisée sans aide spécifique, de 3,8% avec des substituts nicotiniques sans conseils spécifiques, de 6,4% avec la prescription de traitements mais sans conseils spécifiques, et de 13% lorsque l’on associe des traitements et un soutien psycho-comportemental. 
  • Vu ces résultats, il faut savoir rester humble et ne pas hésiter à orienter vers le médecin traitant ou un tabacologue au besoin. Des données indiquent clairement que l’écoute, le soutien et le conseil, même bref, émanant d’un médecin a un impact non négligeable. 
  • Les traitements médicamenteux réduisent les symptômes de manque et multiplieraient les chances d’arrêt par 2 à 3. L’association patch et forme orale est à préconiser, car elle a démontré qu'elle était plus efficace que la monothérapie.
  • Des prises en charge motivationnelles viennent souvent compléter l’administration de substituts nicotiniques pour augmenter les chances de succès du sevrage dans le temps.

Le Dr Carole Clair rappelle que s’il existe quelques contre-indications relatives à la prescription des substituts nicotiniques (IDM <2 semaines, angor instable, troubles du rythme ventriculaire, grossesse et allaitement), « il n’existe en revanche aucune contre-indication absolue et il est toujours moins dangereux de prendre des substituts nicotiniques que de continuer à fumer ! »